Les cinq concertos pour piano

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°621 Janvier 2007Par : François-René Duchâble, Ensemble Orchestral de Paris, John NelsonRédacteur : Marc Darmon (83)

Le pia­niste Fran­çois-René Duchâble ne se pro­duit plus en concert. Cet ensemble de DVD où on le voit inter­pré­ter les Cinq concer­tos pour pia­no de Bee­tho­ven est lar­ge­ment de nature à nous le faire regretter.

Le pia­niste Fran­çois-René Duchâble ne se pro­duit plus en concert. Cet ensemble de DVD où on le voit inter­pré­ter les Cinq concer­tos pour pia­no de Bee­tho­ven est lar­ge­ment de nature à nous le faire regretter.
En effet cette pro­duc­tion est par­fai­te­ment emblé­ma­tique des pos­si­bi­li­tés offertes par ce nou­veau médium de dif­fu­sion de la musique clas­sique qu’est le DVD musi­cal. On a rare­ment vu une paru­tion dis­co­gra­phique autant réflé­chie et construite, avec un tel impact et un tel niveau de réussite.

Des œuvres elles-mêmes, on par­le­ra peu ici. Les Cinq concer­tos de Bee­tho­ven sont le pont entre les chefs‑d’œuvre de Mozart et les grandes pièces du réper­toire roman­tique, la tran­si­tion entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Le qua­trième et le cin­quième, le célèbre Concer­to de l’Empereur, sym­bo­lisent tout ce que Bee­tho­ven a pu appor­ter comme rup­ture et nou­veau­tés au style clas­sique, pour ame­ner la musique à un niveau d’expression inouï jusque-là. Après cela, les tran­si­tions vers Ber­lioz, Brahms et même Wag­ner ne seront qu’évolutions en douceur.

L’interprétation mérite tous les éloges, qu’elles ont d’ailleurs reçus lors de leur paru­tion en disque en 2003. John Nel­son dirige sans baguette un Ensemble Orches­tral de Paris, dyna­mique, pré­cis, léger et effi­cace. Fran­çois-René Duchâble, l’initiateur de cette paru­tion, livre une inter­pré­ta­tion pia­nis­tique par­faite, tou­jours lisible et claire. Les atmo­sphères dis­tinctes de ces concer­tos sont par­fai­te­ment rendues.
Mais comme nous le disions en intro­duc­tion, c’est l’ensemble qui fait le prix de cette pro­duc­tion : les œuvres, l’interprétation, mais aus­si la réa­li­sa­tion. Et sur ce der­nier point, ce que l’on voit est exceptionnel.
En effet, ces enre­gis­tre­ments ont été pen­sés et réa­li­sés spé­cia­le­ment pour le DVD. Tout est fait pour per­mettre une par­faite « com­pré­hen­sion » de ce que l’on voit et entend : les prises de vue, les décors, les com­men­taires (facul­ta­tifs natu­rel­le­ment), la prise de son, la qua­li­té des images et les com­plé­ments de programme.

La réa­li­sa­tion vidéo est remar­quable, met­tant l’accent chaque fois sur ce que l’on aurait sou­hai­té regar­der durant le concert. La part belle est faite au pia­niste, mais l’on voit par­fai­te­ment le chef, les solistes et les groupes ins­tru­men­taux lorsque c’est per­ti­nent. De plus, tout ceci est fil­mé dans le magni­fique et extrê­me­ment télé­gé­nique site de l’opéra royal du Châ­teau de Ver­sailles. Cela donne, éga­le­ment grâce aux tenues sobres et adap­tées des ins­tru­men­tistes, des images d’une très grande beau­té, avec une superbe défi­ni­tion, même sur un très grand écran.

La qua­li­té du son est elle aus­si à men­tion­ner. En par­ti­cu­lier, le son mul­ti­ca­nal en codage DTS est d’une remar­quable finesse pour un DVD de musique classique.

Tous ces élé­ments font que, sur un écran suf­fi­sam­ment large, on a rare­ment été aus­si près chez soi de l’impression et de la sen­sa­tion d’un concert réel, à une très bonne place. Bien enten­du, c’est le plus beau com­pli­ment que l’on pou­vait faire à ces disques.

Mais, au-delà du réel plai­sir du concert que pro­curent ces DVD, F.-R. Duchâble nous offre un grand moment de péda­go­gie. Pen­dant les concer­tos, le spec­ta­teur peut lire en sous-titre l’architecture du mou­ve­ment qu’il regarde, ou bien écou­ter en super­po­si­tion les com­men­taires de Duchâble lui-même sur les pas­sages en ques­tion. De plus, les sup­plé­ments de pro­gramme offrent des entre­tiens pas­sion­nants avec le chef et le pia­niste, concer­nant les œuvres, leur inter­pré­ta­tion et la production.

Vous l’avez com­pris, ces DVD sont une étape indis­pen­sable pour péné­trer l’univers des concer­tos de Bee­tho­ven et celui de la musique filmée.

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