Les Annales de l’École de Paris du management

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°541 Janvier 1999Par : sous la direction de Michel BERRY (63)Rédacteur : Jean WERQUIN (38), Groupe X-Action

Vous cher­chez peut-être com­ment évi­ter à votre entre­prise les mul­tiples pièges d’une moder­ni­té constam­ment chan­geante ? ou vous êtes sim­ple­ment curieux des “ idées qui marchent ” ? Alors, lisez vite ces Annales. Le tome IV a paru en octobre 1998 ; on trouve encore à l’École de Paris les trois pré­cé­dents, dont le pre­mier remonte à 1995.

Notre cama­rade Michel Ber­ry, ancien direc­teur du Centre de recherche en ges­tion de l’École poly­tech­nique, a fon­dé en 1989 un sémi­naire “Vie des affaires ”. Élar­gi depuis lors pour deve­nir l’École de Paris du mana­ge­ment, c’est une école sans pro­fes­seurs ni élèves ni diplômes, construite sur une intui­tion de départ : “ Le mana­ge­ment est une affaire sérieuse, il faut en débattre ”. Cette phrase est main­te­nant rap­pe­lée sur les publi­ca­tions de l’organisme.

De nos jours, les entre­prises sont sou­mises à de mul­tiples contraintes sou­vent contra­dic­toires ; les pou­voirs publics en subissent d’autres ; et l’opinion, très sévère à l’égard des unes et des autres, les juge sans bien en connaître les méca­nismes et s’enthousiasme pour toutes sortes de nou­velles recettes, vite rem­pla­cées par d’autres.

L’École de Paris entend contri­buer à une infor­ma­tion plus réflé­chie. Les cher­cheurs, accé­dant plus faci­le­ment que jadis au fonc­tion­ne­ment des orga­ni­sa­tions, peuvent en par­ler. Mais quel obser­va­teur pour­rait assis­ter, par exemple, aux négo­cia­tions entre un P.-D.G. et son ban­quier, au conseil de direc­tion d’une entre­prise coréenne, aux ins­pec­tions d’un offi­cier de la police natio­nale ? Grâce aux sémi­naires de l’École de Paris, des témoins directs peuvent, en petit comi­té, rela­ter une expé­rience sou­vent originale.

Une ving­taine de cher­cheurs et pra­ti­ciens, par­ti­ci­pant régu­liè­re­ment à ces ren­contres, peuvent leur poser des ques­tions par­fois déran­geantes. Elles n’aboutissent pas for­cé­ment à un consen­sus, mais elles cla­ri­fient les thèmes, et les “ témoins ” eux-mêmes en tirent pro­fit. I1 existe main­te­nant cinq sémi­naires du même type : “ Vie des affaires ”, “Res­sources tech­no­lo­giques et inno­va­tion”, “Vies col­lec­tives ”, “ Ensei­gne­ment de la ges­tion ”, et (depuis peu) “ Fonc­tion­naires ”. Des petits-déjeu­ners confi­dences et des soi­rées débats com­plètent le dis­po­si­tif : la for­mule des pre­miers per­met de réunir des gens avec un bref pré­avis, les soi­rées attirent un large public.

Le sys­tème éta­bli et mis au point – la fidé­li­té des abon­nés l’atteste –, res­tait à assu­rer la dif­fu­sion des idées, pour qu’elles puissent atteindre les res­pon­sables les plus occu­pés. Des comptes ren­dus de séances à dif­fu­sion limi­tée, bien écrits et de conte­nu ori­gi­nal, ont inté­res­sé un nombre crois­sant de lecteurs.

Des hommes d’affaires amé­ri­cains, igno­rants mais curieux des recherches menées en France sur le mana­ge­ment, ont accueilli avec inté­rêt l’édition anglaise d’une lettre, puis d’un jour­nal de l’École de Paris, adres­sés à des per­sonnes choi­sies : elles confirment qu’elles les lisent régu­liè­re­ment. Ras­sem­blant ces élé­ments, les Annales, enfin, per­mettent de reve­nir à tête repo­sée sur tel ou tel thème, ou d’en faire des docu­ments de tra­vail pour son entourage.

Quelques exemples pour illus­trer ces généralités.

  • Le P.-D.G. fran­çais d’une entre­prise en plein essor reçoit sou­dain, de son chair­man amé­ri­cain, l’ordre de tout liqui­der (tome I, page 19).
  • “ La situa­tion est déses­pé­rée, nous avons donc une chance ” ou le redres­se­ment de la mine de Jera­da (tome I, page 63).
  • Com­ment gérer en Slo­vé­nie, ou les dif­fi­cul­tés de la com­mu­ni­ca­tion inter­cul­tu­relle (tome I, page 103).
  • Un éta­blis­se­ment public, délo­ca­li­sé à Mar­seille, fait sien ce pro­jet comme une chance de sur­vie et de rajeu­nis­se­ment (tome I, page 185).
  • La ges­tion de la parole dans l’une des mul­ti­na­tio­nales les plus anciennes, l’Église catho­lique (tome I, page 315).
  • En dépit de la mode du mul­ti­mé­dia, les médias clas­siques ont encore de beaux jours devant eux (tome II, page 59).
  • Com­ment un arti­san, par une stra­té­gie de l’authentique, réus­sit là où les grandes mul­ti­na­tio­nales ont échoué (tome II, page 105).
  • Le mana­ge­ment de pro­jets inter­cul­tu­rels, entre le rêve du mel­ting pot et le cau­che­mar de la Tour de Babel (tome III, page 17).
  • Logi­ciels : com­ment chas­ser les bogues ? (tome III, page 87).
  • L’industrie d’une val­lée alpine, entre les exi­gences du mar­ché et les ambi­tions du déve­lop­pe­ment local (tome III, page 151).
  • Apprendre la ges­tion en jouant, comme on forme les pilotes avec les simu­la­teurs de vol (tome III, page 235).
  • Cour­tier en inno­va­tions, un métier nou­veau et exal­tant (tome III, page 285).
  • En cla­ri­fiant sa comp­ta­bi­li­té, une admi­nis­tra­tion dans un dépar­te­ment obtient un com­plé­ment de res­sources contre un enga­ge­ment de résul­tats (tome IV, page 97).
  • L’implantation d’une entre­prise étran­gère dans la Sili­con Val­ley est un exer­cice acro­ba­tique, mais béné­fique (tome IV, page 117).
  • “ Offre cours d’économie, demande cours de sou­dure ”, ou le suc­cès des réseaux d’échanges réci­proques de savoirs (tome IV, page 199).

Cette liste, inévi­ta­ble­ment sub­jec­tive, ne peut don­ner qu’une faible idée de la richesse des Annales ; et le pro­chain tome en a bien plus encore à dire. Si j’ajoute que le petit effec­tif des sémi­naires faci­lite la nais­sance de rela­tions dans un cli­mat déten­du (je pense à notre cama­rade Rive­line (56), qui se flatte de “ tor­tu­rer les majors de l’X octo­gé­naires ”, ou à Lucien Claes, le rédac­teur en chef, qui trouve dans la vie asso­cia­tive des batailles bien plus féroces qu’en entre­prise), j’en conclus sans hési­ta­tion que l’on ne perd pas son temps à suivre l’une au moins des acti­vi­tés de l’École de Paris, et sur­tout à dis­po­ser ses Annales en bonne place dans une biblio­thèque pro­fes­sion­nelle ou personnelle

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