Le socialisme d’Auguste Comte

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°686 Juin/Juillet 2013Par : Éric SARTORIRédacteur : Pierre ROY (79)Editeur : L’Harmattan – 2012 - 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris.

Ce livre est consa­cré à la vie et à la pen­sée d’un des grands Anciens de l’École, dont le nom reste connu, mais dont la pen­sée est aujourd’hui méconnue.

Livre : Le socialisme d'Auguste COMTE par Eric SARTORIÉric Sar­to­ri, éga­le­ment auteur de l’His­toire des grands scien­ti­fiques fran­çais (Plon, 1999), L’Empire des Sciences, Napo­léon et ses savants (Ellipses, 2003), His­toire des femmes scien­ti­fiques de l’Antiquité au XXe siècle (Plon, 2006), nous guide avec talent dans cette pas­sion­nante relecture.

En effet, par­tant d’une his­toire des sciences, puis d’une théo­rie de la connais­sance, Auguste Comte éla­bo­ra un sys­tème phi­lo­so­phique com­plet, le posi­ti­visme, qui ne se réduit nul­le­ment à un scientisme.

Auguste Comte se défi­nit comme socia­liste (« Cha­cun se pré­oc­cupe légi­ti­me­ment de son inté­rêt per­son­nel tout en se regar­dant comme coopé­rant à une véri­table fonc­tion publique »), pro­pose une cri­tique fon­da­men­tale du libé­ra­lisme (« sorte de démis­sion solen­nelle à l’égard de chaque dif­fi­cul­té un peu grave que le déve­lop­pe­ment indus­triel vient à faire sur­gir »), mais appelle à se méfier du construc­ti­visme (le légis­la­teur ne peut ni ne doit tout vou­loir) et de la confu­sion entre pou­voir tem­po­rel et pou­voir spi­ri­tuel, dans laquelle il voit la matrice d’où naî­tront les tota­li­ta­rismes du XXe siècle.

D’un point de vue pra­tique, le posi­ti­visme est un socia­lisme réfor­miste, qui vise à amé­lio­rer l’ordre spon­ta­né des socié­tés par l’usage de la rai­son et de la connais­sance, et anti­ré­vo­lu­tion­naire, refu­sant les illu­sions de la table rase et de la vio­lence « accou­cheuse de l’histoire », et conce­vant le pro­grès comme un mou­ve­ment essen­tiel­le­ment conti­nu de l’humanité.

Comte nous aver­tit éga­le­ment que la démo­cra­tie est néces­sai­re­ment démo­cra­tie d’opinion, et invite donc à accor­der la plus grande impor­tance à la for­ma­tion de celle-ci, notam­ment à tra­vers sa concep­tion du pou­voir spi­ri­tuel. L’auteur recense les formes modernes du pou­voir spi­ri­tuel com­tien, et trouve notam­ment chez Comte une invi­ta­tion à repen­ser le fonc­tion­ne­ment de nos démo­cra­ties en s’appuyant sur le tri­angle opi­nion publique, exper­tise scien­ti­fique et pou­voir temporel.

Alors que les conser­va­teurs ne semblent plus très bien savoir quoi conser­ver et que la gauche ne défend plus le pro­grès comme valeur fon­da­men­tale, Ordre et Pro­grès (devise don­née au Bré­sil par des dis­ciples de Comte) rede­vient un mot d’ordre utile.

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