LA SAGESSE DE LA PANTHÈRE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°658 Octobre 2010Par : Jacques Peter (89)Rédacteur : Janine Kohler, professeur de lettres, présidente de l’Association Les Amis de Milosz

Neuf titres dérou­tants pour des nou­velles d’une élé­gante ori­gi­na­li­té. Éton­nant ce que l’on peut apprendre sur les méga­lithes, le Roman de Renart ou les mys­tères des glyphes de Cahua­chi ! N’ayez crainte cepen­dant, ces récits, à la docu­men­ta­tion pas­sion­nante, sont à mille lieues d’une éru­di­tion académique.

Couverture du livre : La sagesse de la panthèreL’un est un jour­nal mélan­co­lique, des­ti­né à l’amie absente. Le nar­ra­teur, devant la beau­té d’une civi­li­sa­tion dis­pa­rue, relate la dis­pute ridi­cule de deux vieux savants, dont l’un sai­sit le fémur d’un lama mil­lé­naire, pour atta­quer l’autre qui tient le tibia du sque­lette qu’il vient de découvrir.

Un autre évoque, en des scènes pétillantes de malice, les consé­quences d’une note sérieuse éma­nant de l’Éducation natio­nale. Qu’en fera le pro­fes­seur conscien­cieux, pas­sion­né par les his­toires d’ADN ? Il inven­te­ra le bal­let La danse du ribo­some. Pro­blèmes de mise en scène, dif­fi­cul­té de trou­ver l’élève digne de jouer « la pep­ti­dyl trans­fé­rase », mais au final suc­cès assu­ré, et même, rêves d’avenir pour l’Opéra Bas­tille avec une tra­gé­die en trois actes qui pour­rait s’intituler Les pèle­ri­nages de la séro­to­nine.

Iro­nie et humour, enquêtes en tout genre, sont les constantes de ces récits. L’auteur ne cesse de jouer avec sa culture et nous ravit. Tous ses per­son­nages ont la pas­sion d’apprendre. Cer­tains en deviennent sages (la pan­thère du conte), d’autres déli­cieu­se­ment sur­an­nés (Valen­tin Aubef­froi dans son cos­tume taillé sous Gam­bet­ta), d’autres encore nagent dans le bon­heur des dates et des noms gra­vés pour tou­jours dans leur mémoire (Ingrid Schwan­den­berg et ses peintres-orfèvres de Florence).

La poé­sie est aus­si pré­sente. Ain­si celle de cette mamie, éprise de Rem­brandt, qui, pour conso­ler sa petite-fille de son pre­mier cha­grin d’amour, relit toute sa vie dans les tableaux de son peintre bien-aimé. Les esprits curieux se réjoui­ront d’une ono­mas­tique très adap­tée… (Un conseil : essayez les ana­grammes!) Tout est brillant, libre et de grande qua­li­té. Jugez par vous-mêmes !

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