La Meije aux oiseaux

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°536 Juin/Juillet 1998Par : Marcel Nordon (40)

Hadrien, guide de mon­tagne, s’engage dans une ascen­sion de la Meije que rend périlleuse la rude dis­ci­pline qu’il s’est impo­sée. Afin, espère-t-il, d’écurer sa mémoire et de déju­cher en une cap­tieuse rou­lette russe de vieilles his­toires trop insis­tantes. Tout au long de sa course, au fil des étapes, seul, sans contrainte d’horaire, il égrène ses souvenirs.

Par une nuit plu­vieuse de la Deuxième Guerre mon­diale, aux confins de sa Suisse natale, il a invo­lon­tai­re­ment assis­té à une scène atroce. L’inaction lui deve­nant alors into­lé­rable, il s’est lan­cé aux côtés de la résis­tance fran­çaise. Épi­sode bref, piteux par plu­sieurs facettes, mais qui s’est tout de même réso­lu en un sau­ve­tage hasardeux.

Cette double aven­ture a pesé sur qua­rante ans de son exis­tence, émaillée de ren­contres avec des per­son­nages étranges ou atta­chants, et sans cesse éro­dée par son propre psy­chisme vacillant qu’il a réus­si, dif­fi­ci­le­ment, à muse­ler der­rière son plas­tron de mon­ta­gnard. Mais dans les images aiguës autour des­quelles d’autres sou­ve­nirs se lèvent, quelle est la part du rêve ? Réus­si­ra-t-il à exor­ci­ser ses fantômes ?

Ce court roman, dans une écri­ture vive, ner­veuse et sen­sible à la fois, est un bel hymne à la mon­tagne et à la conscience meur­trie par les féro­ci­tés du monde. Le lec­teur suit avec émo­tion le nar­ra­teur dans son par­cours mon­ta­gnard comme dans son par­cours de vie évo­qué avec pudeur et profondeur.

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