Khômiss

La Khômiss, deux cents ans et résolument moderne

Dossier : ExpressionsMagazine N°672 Février 2012Par : Aurélien NOBER (09)

L’histoire de la Khô­miss ne sau­rait se résu­mer à ces vingt-cinq der­nières années. La Khô­miss (évo­lu­tion ortho­gra­phique de « Com­mis­sion des Cotes ») existe depuis main­te­nant deux cents ans. Au fil du XIXe siècle, elle assure de nom­breuses mis­sions à l’École : trans­mis­sion des tra­di­tions, notam­ment à tra­vers le cryp­tage, Remise des Cotes, Point Gam­ma, cana­li­sa­tion de l’esprit fron­deur des poly­tech­ni­ciens… Elle veille aus­si à l’application du « Code X », recueil des règles de vie et de com­por­te­ment entre cama­rades. La « Com­miss » est alors com­po­sée d’un GénéK et de ses 12 aco­lytes – dont au moins un des deux Caissiers.

La Khô­miss est pro­fon­dé­ment atta­chée au sta­tut mili­taire de l’École, dont elle est un farouche défenseur

Le GénéK en est le repré­sen­tant et le chef, seul membre connu du reste de la pro­mo­tion et élu par cette der­nière. Le vote, enca­dré par la Kès et le BôBar, a lieu le jour de la Bat­tle­dress. Afin d’éviter les excès, l’élection du GénéK se fait sans cam­pagne. C’est l’impression que les can­di­dats ont lais­sée à leurs cama­rades qui orien­te­ra leur choix.

Le cryptage

Les mis­sions de la Khômiss
Apprendre aux nou­veaux les valeurs de l’École ; connaître et trans­mettre les tra­di­tions ; déve­lop­per le sens de la cama­ra­de­rie au sein de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne ; expri­mer, au besoin par des voies peu ortho­doxes, les reven­di­ca­tions des élèves lorsque les voies tra­di­tion­nelles de requête ont échoué et cana­li­ser ain­si les éven­tuels mécon­ten­te­ments ; égayer les céré­mo­nies et moments forts de la vie à l’École.

La Khô­miss coor­ga­nise avec la Kès le cryp­tage (ou bahu­tage) confor­mé­ment à son rôle his­to­rique. Celui-ci est ins­pi­ré du cryp­tage tel qu’il exis­tait à Car­va, mais ne dure qu’une semaine et impose donc un rythme effré­né. Un pre­mier gag égaye la pre­mière inter­ven­tion du nou­veau Com­man­dant de Pro­mo­tion. Ensuite vient la Nuit des Sou­ter­rains, adap­ta­tion de l’ancienne visite des cata­combes pari­siennes. Celle-ci consiste en une soi­rée com­plète, orga­ni­sée par la Khô­miss, et enca­drée par les élèves. Au cœur de cette soi­rée bon enfant et fes­tive, les « très obli­gés suc­ces­seurs » (TOS) font une visite des sou­ter­rains de l’École, entre­cou­pée d’un dis­cours du GénéK et sui­vie du par­tage d’un verre de vin chaud au BôBar.

En fin de semaine, la tra­di­tion­nelle Chasse au Tré­sor dans Paris a éga­le­ment été remise au goût du jour. Enfin, la Khô­miss a adap­té le para­chu­tage à l’incorporation d’aujourd’hui. Il s’agit main­te­nant pour le major maths et phy­sique (MP) et le minor phy­sique et chi­mie (PC) de rejoindre le camp de La Cour­tine par leurs propres moyens, depuis le lieu où ils ont été aban­don­nés par la Khô­miss (Vin­ti­mille cette année, le Jura ou Amster­dam les années précédentes).

Cérémonies et liens entre les promotions

La Khô­miss a réno­vé cer­taines anciennes tra­di­tions, comme la Remise des Bicornes et la Remise des Tan­gentes, qui marquent des temps forts de la trans­mis­sion des savoirs et des cou­tumes d’une pro­mo­tion à la suivante.

Ain­si, quelques semaines après le retour sur le Pla­teau de la pro­mo­tion en pre­mière année a lieu la Remise des Bicornes. Lors de cette céré­mo­nie, chaque « fillot » (cha­cun doit trou­ver un par­rain dans la pro­mo­tion pré­cé­dente) se voit remettre son bicorne et le Code X par son par­rain et, après le dis­cours d’un antique, par­tage une bou­teille de cham­pagne bue à même le bicorne avec lui.

Début octobre les par­rains remettent cette fois leur tan­gente à leur fillot. Cette céré­mo­nie augure du pas­sage de témoin et de la tran­si­tion d’une pro­mo­tion à l’autre. À l’issue se tient le tra­di­tion­nel Magnan- Tan­gente, où les jeunes conscrits mangent un repas entier à la pointe de leur épée – ou de celle de leur parrain.

La Khômiss sur les toits de Paris
« Le désordre et les tra­di­tions depuis plus de deux siècles ».

Ne pas se prendre trop au sérieux

La Khô­miss cha­hute géné­ra­le­ment le dérou­le­ment des diverses céré­mo­nies mili­taires par un gag de plus ou moins bon goût. Lié à l’actualité de l’École ou de l’extérieur, celui-ci met en géné­ral l’accent sur les désac­cords entre élèves et admi­nis­tra­tion de l’École ou sur des évé­ne­ments spé­ci­fiques de la vie des pro­mo­tions. « Voix alter­na­tive des pro­mo­tions », la Khô­miss tâche d’intervenir lorsque des conflits n’ont pas été réso­lus de manière conven­tion­nelle (au tra­vers de la Kès) et plus géné­ra­le­ment lorsque l’indignation des élèves est avé­rée. Elle réa­lise alors des actions qui per­mettent d’exprimer le res­sen­ti des élèves envers une ligne de conduite de la Strass, qu’ils ne dési­rent abso­lu­ment pas suivre ou cautionner.

On cite­ra l’instauration d’une après-midi de congé en 1995, ou l’assouplissement de la poli­tique de la direc­tion des études en 2006. Enfin, elle peut être ame­née à rap­pe­ler à l’ordre des élèves trop peu res­pec­tueux du Code X, notam­ment au sujet de l’uniforme et des autres élèves. Cette année par exemple, une petite action a été menée suite à la publi­ca­tion de pho­to­gra­phies d’élèves, sans veste de GU, le soir du Bal de l’X.

Traditions revisitées

Un Livre blanc sur l’avenir
Une réflexion réunis­sant élèves actuels et anciens est lan­cée sur le thème du cycle ingé­nieur et du sens de notre for­ma­tion poly­tech­ni­cienne, avec pour objec­tif la rédac­tion d’un Livre blanc sur l’avenir du cycle poly­tech­ni­cien. Si vous sou­hai­tez par­ti­ci­per à ces réflexions, par le biais d’une contri­bu­tion écrite ou d’une par­ti­ci­pa­tion à nos futures réunions : contributions.livreblanc.x@gmail.com

La Khô­miss reste à l’initiative de cer­tains temps forts à l’École. Par­mi ceux – ci, la Bat­tle­dress et la Remise des Khôtes, qui ont main­te­nant lieu au mois de février, le même jour.

Toute la jour­née, les élèves sont invi­tés à se dégui­ser, selon thème pro­po­sé par la Khô­miss et à voter pour leur futur GénéK.

En soi­rée a lieu la Remise des Khôtes. Les élèves de troi­sième année sont invi­tés à voter l’attribution des khôtes, sanc­tion­nant un com­por­te­ment sur l’ensemble des deux années sur le campus.

Une famille

Bien que ses actions soient d’une nature par­ti­cu­lière, la Khô­miss est avant tout for­mée d’élèves qui aiment pro­fon­dé­ment notre École et s’intéressent à son ave­nir. S’ils ne sont pas à l’abri d’une erreur de juge­ment, les mis­saires gardent néan­moins tou­jours à cœur de ser­vir les pro­mo­tions et de par­ti­ci­per à ce que les poly­tech­ni­ciens soient, plus que la réunion de deux pro­mo­tions dis­tinctes, une famille d’individus qui par­tagent un même esprit et les mêmes valeurs.

8 Commentaires

Ajouter un commentaire

X. Michelrépondre
1 février 2012 à 14 h 35 min

200 ans, n’est-ce point suffisant ?

Bra­vo pour cet article et ces 200 ans d’his­toire que vous repré­sen­tez, Auré­lien. Cepen­dant il serait à mon sens de bon ton de ces­ser ces enfan­tillages pour per­mettre à l’E­cole de finir de gom­mer toutes ces spé­ci­fi­ci­tés (fresques de cam­pagne Kès, année mili­taire, BôBar) qui empêchent notre pleine absorp­tion par le Cam­pus Paris-Saclay.

Note de la rédac­tion : pour savoir si c’est un canu­lar écri­vez à l’a­dresse indi­quée par l’au­teur du com­men­taire michou@melix.net

Ludo­vicrépondre
3 février 2012 à 11 h 13 min

Sans cou­leur, sans saveur, sans odeur
En réponse à X.Michel

Et donc « gom­mer » ce qui fait aus­si une bonne par­tie de la saveur de cette école et de la for­ma­tion de ceux qui y passent (je pense notam­ment à la for­ma­tion militaire) ?

duna­blarépondre
4 février 2012 à 11 h 54 min

que dira le livre blanc de la khô­miss ?
je sup­pose que la dilu­tion, voire le les­si­vage dans paris­tech sera abor­dé avec la plus extrême finesse.

Ano­nymerépondre
6 février 2012 à 9 h 21 min

J’aime assez le contraste
J’aime assez le contraste entre « Le conte­nu de ce champ sera main­te­nu pri­vé et ne sera pas affi­ché publi­que­ment » et « pour savoir si c’est un canu­lar écri­vez à l’a­dresse indi­quée par l’au­teur du com­men­taire michou@melix.net ».

Y. Michelrépondre
7 février 2012 à 21 h 39 min

@Anonyme
Que veux tu, l’AX

@Anonyme

Que veux tu, l’AX découvre internet…
Encore une dizaine d’an­nées, et ils seront capables de modé­rer des commentaires 🙁 

GD-X42répondre
22 mars 2012 à 8 h 14 min

Gom­mer le mili­taire ?
à X.Michel,
sup­pri­mer le sta­tut mili­taire de l’Ecole ?
le gou­ver­ne­ment de pétain l’a fait.
Bel exemple s’il en est !
GD-X42

cais­sier 2010répondre
26 mars 2012 à 22 h 29 min
– En réponse à: GD-X42

sou­tien à X. MIchel
Entre nous, ce qui est impor­tant c’est que j’aie mon diplôme !
le reste on s’en fout un peu

Ramonrépondre
29 juin 2013 à 12 h 07 min

Tiens, cet article n’é­voque
Tiens, cet article n’é­voque pas les exac­tions ni les agres­sions com­mises par la Khô­miss. Eton­nant, non ?

La plus petite uni­té usuelle de dis­tance : le mil­li­mètre. La plus petite uni­té usuelle de masse : le mil­li­gramme. La plus petite uni­té usuelle d’in­tel­li­gence : le militaire !

Répondre