Giuseppe VERDI : Luisa Miller

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°708 Octobre 2015Par : l'Opéra de MalmöRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : 1 DVD ou un Blu-Ray Arthaus

Luisa Mil­ler est un opé­ra de la pre­mière période de Ver­di (1849), il pré­cède juste la « tri­lo­gie popu­laire », La Tra­via­ta, Rigo­let­to et Le Trou­vère. Le DVD nous per­met d’avoir accès une fois de plus à un opé­ra rare­ment donné.

Les opé­ras de jeu­nesse de Ver­di (Atti­la, com­men­té dans ces colonnes récem­ment), de Wag­ner (Rien­zi, idem), rare­ment pro­duits, sont ain­si acces­sibles aux ama­teurs dans les meilleures conditions.

C’est une des révo­lu­tions appor­tées par l’émergence des films musi­caux désor­mais dis­po­nibles dans une qua­li­té de son et d’image qui per­met de retrou­ver sur l’installation adé­quate l’impression et l’ambiance du spec­tacle, ce que ne per­met­taient pas le disque ni le CD : avoir accès dans les condi­tions du spec­tacle vivant, concert ou opé­ra, à des œuvres rare­ment ou jamais jouées, qu’on ne connaît qu’au tra­vers du disque.

Ver­di s’inspire d’un drame roman­tique par excel­lence (comme Erna­ni, à la même époque, d’après Vic­tor Hugo), un drame de Schil­ler comme pour Don Car­los près de vingt ans plus tard (et comme deux autres opé­ras anté­rieurs de Verdi).

L’amour contra­rié de l’héroïne, son sacri­fice amou­reux pour sau­ver un père, la défense de l’honneur fami­lial, le ter­rible secret de la famille régnante, le fils rebelle, tous les ingré­dients sont réunis dans cette intrigue pour­tant courte (l’opéra dure moins de deux heures, la moi­tié de Don Car­los).

Par­mi les opé­ras de la pre­mière période de Ver­di, cer­tains ont acquis une grande noto­rié­té (Nabuc­co, Mac­beth, etc.), les autres n’ont pas été suf­fi­sam­ment recon­nus. Musi­ca­le­ment, bien enten­du on n’est pas là au niveau musi­cal de la « tri­lo­gie popu­laire », ni de Simon Boc­ca­ne­gra, Aïda ou Don Car­los (à par­tir de la « tri­lo­gie popu­laire », tous les opé­ras de Ver­di sont des chefs‑d’œuvre). Mais cet opé­ra contient des airs et ensembles de grande valeur, et l’opéra dans son ensemble ne dépa­reille pas par­mi les plus célèbres opé­ras bel can­to de cette époque de Bel­li­ni ou Doni­zet­ti (dont le Lucia di Lam­mer­moor a le même librettiste).

Les pro­duc­tions des Opé­ras de Scan­di­na­vie semblent être très ori­gi­nales, comme celles de l’Opéra d’Oslo (sou­ve­nons-nous d’un Cou­ron­ne­ment de Pop­pée, com­men­té ici, inter­dit aux moins de seize ans), ou celle-ci, cap­tée à l’opéra de Malmö. Notam­ment les décors sont pro­pre­ment oni­riques (on croit sou­vent être dans un tableau de Dali) et très inventifs.

L’Ouverture, plus connue que le reste de l’opéra, est ten­due, elle donne le ton. Le chef Nel­lo San­ti est excellent, on s’en rend compte notam­ment lors de l’ouverture et des moments orches­traux. On se sou­vient par­fai­te­ment du magni­fique Simon Boc­ca­ne­gra qu’il diri­gea à Paris il y a près de qua­rante ans ( !), et de la finesse de son pré­lude du second acte de Simon (je garan­tis que j’en garde le sou­ve­nir clair), dont on retrouve la lim­pi­di­té par­fois ici. Son orchestre est de plus très bien enre­gis­tré dans ce DVD.

À Malmö, pas de stars. Mais la dis­tri­bu­tion ne pose aucun pro­blème. Au contraire, ces artistes de troupe semblent avoir plai­sir à chan­ter ensemble. Notam­ment, on découvre une Lui­sa légère et par­ti­cu­liè­re­ment brillante dans ses pre­miers airs. On n’aura pas d’autre Lui­sa Mil­ler en DVD avant long­temps, cou­rez trou­ver celui-ci.

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