France Câbles et Radio au Viêt-nam

Dossier : VIÊT-NAMMagazine N°525 Mai 1997Par : Propos recueillis auprès de Pierre GODINIAUX (62)

Avec un chiffre d’af­faires conso­li­dé de 151,3 mil­liards de francs et l’ex­ploi­ta­tion de 32,9 mil­lions de lignes télé­pho­niques, France Télé­com est le qua­trième opé­ra­teur mon­dial de télécommunications.

France Câbles et Radio (FCR), filiale du Groupe, exerce ses acti­vi­tés dans quatre grands métiers :

- les réseaux publics,
- les réseaux spécifiques,
- les câbles sous-marins,
- les mobiles aéronautiques.

Elle a pour voca­tion d’ex­por­ter le savoir-faire de l’o­pé­ra­teur natio­nal dans le monde entier. Alliant les res­sources d’un Groupe à une entre­prise de taille humaine, elle consti­tue un pôle de com­pé­tences uniques qui lui per­met de par­ti­ci­per à deux axes majeurs de la stra­té­gie du groupe France Télé­com : la conquête de nou­veaux mar­chés et le déve­lop­pe­ment d’offres innovantes.

Pré­sente sur les cinq conti­nents, au tra­vers de nom­breuses filiales ou par­te­na­riats, FCR a acquis une forte culture inter­na­tio­nale sur le plan tech­nique et finan­cier, en Argen­tine, au Mexique, en Indo­né­sie et récem­ment en Côte-d’Ivoire.

FCR négocie avec VNPT

VNPT, opé­ra­teur viet­na­mien sous mono­pole, recherche des par­te­naires pour l’ai­der à déve­lop­per son réseau de télé­com­mu­ni­ca­tions. En effet, le Viêt-nam ne compte qu’en­vi­ron 1 000 000 de lignes télé­pho­niques fixes, pour une popu­la­tion esti­mée à 75 mil­lions d’ha­bi­tants dont 80 % vivant en zone rurale ; il semble avoir épui­sé ses moyens de finan­ce­ment et doit donc faire appel à des opé­ra­teurs étrangers.

L’am­bi­tion de l’É­tat viet­na­mien est de mul­ti­plier au niveau natio­nal la den­si­té télé­pho­nique par trois en cinq ans, en fai­sant por­ter l’es­sen­tiel de l’ef­fort sur les deux grandes agglo­mé­ra­tions que sont Hô Chi Minh Ville (4,5 mil­lions d’ha­bi­tants) et Hanoi (1,5 million).

Dans ce cadre, est en négo­cia­tion un contrat de type BCC (Busi­ness Coope­ra­tion Contract) por­tant sur la construc­tion de 540 000 lignes télé­pho­niques à l’est de la pro­vince d’Hô Chi Minh, incluant la com­mu­ta­tion, la trans­mis­sion et le réseau local pour un mon­tant d’en­vi­ron 500 mil­lions US $. Ce contrat est d’un type très par­ti­cu­lier : le BCC est le seul mode de contrat auto­ri­sé par l’É­tat viet­na­mien dans le domaine du déve­lop­pe­ment des réseaux de télécommunications. 

Le BCC (Business Cooperation Contract) : ni une Joint Venture, ni un BOT (Build Operate Transfer)

Dans ce type de contrat, l’o­pé­ra­teur étran­ger finance et construit le réseau de télé­com­mu­ni­ca­tions, il par­tage ensuite avec la par­tie viet­na­mienne les recettes d’ex­ploi­ta­tion selon les termes conve­nus pen­dant une durée déterminée.

Il apporte aus­si son savoir-faire, ses outils et son assis­tance pen­dant la durée du contrat. Il reste pro­prié­taire des équi­pe­ments ins­tal­lés jus­qu’à la fin de la période de par­tage des revenus.

Une des dif­fi­cul­tés majeures réside dans le fait que l’in­ves­tis­seur n’est pas res­pon­sable de l’ex­ploi­ta­tion des équi­pe­ments, pas plus que de la poli­tique tari­faire ou du mar­ke­ting. Compte tenu des sommes mises en jeu, les garan­ties mini­males exi­gées par les inves­tis­seurs font donc l’ob­jet de dis­cus­sions ani­mées, cer­taines ne trou­vant leur réponse qu’au niveau le plus éle­vé de l’É­tat vietnamien.

La négociation : une nouvelle culture à acquérir

Au Viêt-nam, il faut oublier nos sché­mas car­té­siens s’ap­puyant sur la tri­lo­gie clas­sique « cahier des charges, appel d’offres, choix de la meilleure offre ». La signa­ture d’un pro­to­cole d’ac­cord appe­lé Memo­ran­dum of Unders­tan­ding (MOU) consti­tue la pre­mière étape de la négociation.

Cha­cun des points doit ensuite être négo­cié, tout en gar­dant en mémoire que le para­mètre « temps » n’a pas au Viêt-nam la même acui­té qu’en Occi­dent. La patience est une ver­tu asia­tique et le temps un outil de négo­cia­tion redou­table face aux « busi­ness­men pres­sés » occi­den­taux. Les Viet­na­miens le savent et savent en jouer.

C’est là une leçon à rete­nir pour tout inves­tis­seur dans ce pays qui doit faire preuve de foi en son pro­jet et ain­si éta­blir une rela­tion de confiance réciproque.

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