Centre nucléaire du Bugey : la salle de contrôle avant Three Mile Island.

Faut-il des surdoués pour exploiter les centrales nucléaires ?

Dossier : Le dossier nucléaireMagazine N°569 Novembre 2001
Par Laurent STRICKER

Les deux acci­dents – en fait les deux seuls cas réel­le­ment acci­den­tels qui se soient pro­duits dans le nucléaire civil, une fois pas­sés les temps héroïques – montrent du doigt l’ex­ploi­tant et disent le rôle incon­tour­nable de l’homme dans la conduite des cen­trales. Sans doute celles-ci sont-elles bar­dées d’au­to­ma­tismes de sécu­ri­té qui limitent et peuvent même annu­ler les consé­quences de l’er­reur humaine. Mais aucun concep­teur ne s’est réso­lu à mettre sur le mar­ché une ins­tal­la­tion entiè­re­ment auto­ma­tique, une ins­tal­la­tion qui serait réel­le­ment » fool­proof « . Est-ce d’ailleurs possible ?

Une cen­trale nucléaire ne sau­rait donc être jugée sûre indé­pen­dam­ment de son équipe d’ex­ploi­ta­tion. C’est la com­bi­nai­son d’un maté­riel conçu sui­vant les cri­tères rigou­reux de la sûre­té et d’un per­son­nel conve­na­ble­ment qua­li­fié qui per­met de dire qu’une cen­trale fonc­tionne de façon sûre. C’est l’en­semble que doit contrô­ler l’au­to­ri­té de sûre­té et c’est une des rai­sons pour les­quelles elle conserve le droit d’en stop­per à tout ins­tant le fonctionnement.

Il est donc essen­tiel de confier les cen­trales nucléaires à un per­son­nel hau­te­ment qua­li­fié, sachant bien sûr tra­vailler en équipe, com­pre­nant le fonc­tion­ne­ment de son ins­tal­la­tion, à la fois en condi­tions nor­males et en condi­tions acci­den­telles, et apte à réagir cor­rec­te­ment, y com­pris à quatre heures du matin, après une longue période de calme plat, sans être téta­ni­sé par la pers­pec­tive de se trou­ver impli­qué juri­di­que­ment et per­son­nel­le­ment dans une catas­trophe de grande ampleur. Il est essen­tiel aus­si de faire en sorte qu’à tout ins­tant l’ex­ploi­tant soit convain­cu que la consigne qu’il doit appli­quer, c’est de faire pas­ser la sécu­ri­té avant tout autre impé­ra­tif. Ne pas le faire, ne pas le réus­sir serait condam­ner le nucléaire à dis­pa­raître à terme rapproché.

Ne dou­tons pas que cette néces­si­té n’ait été déjà pré­sente dans l’es­prit des pion­niers du nucléaire. Mais ce qui n’é­tait alors qu’une simple exi­gence de qua­li­té est deve­nu au fil du temps, et en fonc­tion de l’ex­pé­rience, une véri­table dis­ci­pline, per­met­tant d’as­su­rer et de contrô­ler la très haute qua­li­té des exploi­tants nucléaires. Et ceci, puisque rien n’est jamais acquis de façon défi­ni­tive en matière de qua­li­tés humaines, tout au long de leur vie pro­fes­sion­nelle. En par­ti­cu­lier les évé­ne­ments de 1979 et 1986 ont été sui­vis d’une prise de conscience géné­rale de la néces­si­té d’al­ler encore plus loin dans la culture de sûre­té, et sur­tout de l’im­pé­ra­tif de his­ser cette culture de sûre­té à un niveau suf­fi­sant, par­tout dans le monde, là où il y a des cen­trales en exploitation.

Le fait que non seule­ment, il n’y ait plus eu, nulle part dans le monde, depuis quinze ans, d’ac­ci­dent réel­le­ment sérieux, même bien infé­rieur à ce qui s’est pas­sé en Ukraine, mais que, pen­dant la même période, le nombre de ce que l’on appelle des » évé­ne­ments signi­fi­ca­tifs « , des pré­cur­seurs en quelque sorte, ait dimi­nué de façon constante (voir l’ar­ticle de Pierre Tan­guy à pro­pos de l’é­chelle de gra­vi­té) montre que les efforts faits ont payé. Il en est résul­té par ailleurs des amé­lio­ra­tions de la dis­po­ni­bi­li­té des cen­trales tout à fait impor­tantes dans de nom­breux pays, comme par exemple les États-Unis ; tant il est vrai que sûre­té et dis­po­ni­bi­li­té ne sont pas en oppo­si­tion l’une avec l’autre. Cela n’a pas été assez dit, peut-être tout sim­ple­ment parce que c’est une bonne nou­velle, le parc nucléaire a atteint aujourd’­hui une matu­ri­té en termes de sûre­té et de dis­po­ni­bi­li­té, disons glo­ba­le­ment en termes de per­for­mances, sans com­mune mesure avec ce qu’il était il y a seule­ment dix ans. Et cela, nous le devons essen­tiel­le­ment à nos exploitants.

Le démarrage du parc nucléaire français

Après la géné­ra­tion des cen­trales ura­nium natu­rel gra­phite gaz (UNGG), nées du pro­gramme mili­taire, le gou­ver­ne­ment Mess­mer décide au len­de­main du pre­mier choc pétro­lier de 1973 le lan­ce­ment de l’é­qui­pe­ment du pays en cen­trales de grande puis­sance. Le choix se porte rapi­de­ment, dès 1975, sur une filière unique, celle des réac­teurs à eau sous pres­sion (REP), elle aus­si issue de pro­grammes mili­taires d’é­qui­pe­ments en sous-marins à pro­pul­sion nucléaire, mais qui s’est déjà déve­lop­pée » civi­le­ment « , notam­ment aux États-Unis. La filière à eau bouillante, alter­na­tive pos­sible, est rapi­de­ment aban­don­née au pro­fit d’un parc stan­dar­di­sé. Ce pro­gramme aujourd’­hui réa­li­sé fait la puis­sance, dans toute l’ac­cep­tion du terme, du parc de pro­duc­tion nucléaire fran­çais avec 58 réac­teurs en ser­vice tota­li­sant 63 000 mégawatts.

La rapi­di­té du rythme d’en­ga­ge­ment et de construc­tion (jus­qu’à 6 tranches par an au milieu des années quatre-vingt) a obli­gé à rele­ver plu­sieurs défis : bien sûr celui des outils indus­triels capables d’a­bou­tir en quinze ans à une refonte com­plète de notre parc de pro­duc­tion d’élec­tri­ci­té, celui de la stan­dar­di­sa­tion, qui n’é­tait pas dans la culture de l’en­tre­prise et qui a donc néces­si­té une volon­té sans faille, celui de la mise en place des capa­ci­tés tech­niques et indus­trielles pour l’en­semble du cycle du com­bus­tible, mais aus­si et peut-être sur­tout, celui de la créa­tion et de la for­ma­tion d’é­quipes d’ex­ploi­ta­tion adap­tées aux exi­gences de la nou­velle tech­nique. Oui, il appa­raît bien rétros­pec­ti­ve­ment que le plus grand défi à rele­ver était celui de l’humain.

Ce défi humain était énorme, néces­si­tant au fur et à mesure de la mise en ser­vice des paliers suc­ces­sifs des embauches mas­sives et des réaf­fec­ta­tions de per­son­nel pro­ve­nant des ins­tal­la­tions de pro­duc­tion conven­tion­nelles à char­bon et à fioul déclas­sées. Mal­gré ces réaf­fec­ta­tions, le Ser­vice de la pro­duc­tion ther­mique (SPT), ser­vice en charge de l’ex­ploi­ta­tion de l’en­semble des cen­trales ther­miques, y com­pris le nucléaire, passe de 10 500 à 23 300 per­sonnes entre 1975 et 1985. Le parc actuel a ain­si été démar­ré par un per­son­nel très jeune (la moyenne d’âge dans les cen­trales en démar­rage était infé­rieure à trente ans) peu ou pas expé­ri­men­té, mais enthou­siaste et volontaire.

Il était clair pour les res­pon­sables de l’é­poque qu’une telle muta­tion ne pou­vait réus­sir qu’en y asso­ciant un pro­gramme abso­lu­ment consi­dé­rable de for­ma­tion : for­ma­tion au pro­ces­sus et à l’ex­ploi­ta­tion pro­pre­ment dite, for­ma­tion à la radio­pro­tec­tion, for­ma­tion à la sûre­té nucléaire. Notons-le au pas­sage : si cet enjeu était consi­dé­rable, le suc­cès en fut gran­de­ment faci­li­té par la stan­dar­di­sa­tion du parc autour d’une filière unique. Au cours des années de démar­rage, chaque uni­té fut l’é­cole des exploi­tants des uni­tés sui­vantes, le retour d’ex­pé­rience fut glo­bal, les exploi­tants purent pas­ser d’une uni­té à une autre sans dif­fi­cul­té d’ac­cli­ma­ta­tion. Sur ce plan aus­si, le choix de 1975 fut le bon choix.

Un outil privilégié : le simulateur

Outre les cours et tra­vaux pra­tiques adap­tés à ces dif­fé­rentes for­ma­tions, l’ou­til pri­vi­lé­gié fut dès l’o­ri­gine le simu­la­teur. En réa­li­té plu­sieurs sortes de simu­la­teurs, cer­tains repro­dui­sant et per­met­tant de mieux com­prendre les pro­ces­sus phy­siques en cause, d’autres repro­dui­sant les outils de conduite de façon plus ou moins com­plète et met­tant les exploi­tants » en situa­tion « . Dès le lan­ce­ment du pro­gramme furent pré­vus des simu­la­teurs dits » pleine échelle « , l’un pour les uni­tés de 900 MW au Bugey, l’autre pour les 1 300 MW à Paluel.


Centre nucléaire de pro­duc­tion d’électricité du Bugey la salle de contrôle avant TMI.

L’u­sage de ces simu­la­teurs s’ins­pi­ra très lar­ge­ment de l’ex­pé­rience acquise par les avia­teurs avec qui des liens étroits furent tis­sés. Il est clair qu’au cours des périodes pas­sées sur simu­la­teurs, les exploi­tants vivent leur propre métier, peuvent ana­ly­ser leurs défi­ciences et en tirer les leçons. Alors qu’­heu­reu­se­ment, par la simple loi des pro­ba­bi­li­tés, la plu­part d’entre eux ne connaî­tront jamais les affres d’un inci­dent sérieux, ils peuvent en » vir­tuel » en vivre le dérou­le­ment et tes­ter leurs réac­tions sur le simu­la­teur. Enfin, last but not least, ils réagissent en équipe aus­si bien qu’in­di­vi­duel­le­ment : aujourd’­hui la for­ma­tion en équipe de quart est lar­ge­ment pri­vi­lé­giée par rap­port à la for­ma­tion individuelle.

C’est au beau milieu de la mise en place de ces for­ma­tions que nous par­vinrent, à par­tir de mars 1979, les échos de l’ac­ci­dent de la cen­trale de Three Mile Island. Si cet acci­dent ne remet pas en cause la tech­no­lo­gie REP puis­qu’au contraire il est la démons­tra­tion de la per­ti­nence des mesures de sûre­té prises sur ce type de cen­trale, il est à l’o­ri­gine d’un énorme retour d’ex­pé­rience, connu sous le nom » d’ac­tions post-TMI « .

L’im­por­tance de la for­ma­tion, avec en par­ti­cu­lier la connais­sance du pro­cé­dé et sa com­pré­hen­sion en temps réel, est alors confir­mée. Les simu­la­teurs sont per­fec­tion­nés pour per­mettre la simu­la­tion de phases acci­den­telles de plus en plus pous­sées et ce dans toutes les confi­gu­ra­tions d’ex­ploi­ta­tion. Par exemple, c’est à par­tir de cette époque que le per­son­nel est entraî­né à la perte totale ou par­tielle des ali­men­ta­tions élec­triques (évé­ne­ment bien sûr très rare mais qui vient jus­te­ment de se pro­duire à la cen­trale de Maan­shan à Tai­wan en mars 2001).

Répar­ti­tion des 12 simu­la­teurs en pleine échelle d’EDF
Sites Simulateurs Type
Bugey 4 (dont 3 de 900 MW et 1 de 1300 MW)
Cattenon 1 1 300 MW
Chinon 2 900 MW
Chooz 1 1 450 MW
Fessenheim 1 900 MW
Gravelines 1 900 MW
Paluel 2 1 300 MW

De même un énorme tra­vail est entre­pris sur l’in­ter­face homme-machine afin de per­mettre à l’o­pé­ra­teur d’a­voir une meilleure vue de l’é­tat réel de l’ins­tal­la­tion, y com­pris en phase acci­den­telle avec notam­ment la mesure phy­sique de l’in­ven­taire en eau dans la cuve en cas de brèche pri­maire. Et c’est aus­si sur simu­la­teur que sont tes­tées les amé­lio­ra­tions appor­tées jour après jour aux tableaux de contrôle et de com­mande des ins­tal­la­tions. Plus tard, quand sera prise la déci­sion d’é­qui­per les cen­trales du palier N4 de com­mandes entiè­re­ment infor­ma­ti­sées, l’en­semble des équi­pe­ments cor­res­pon­dants seront consti­tués en un grand simu­la­teur que les opé­ra­teurs vien­dront tes­ter sur une période de plus de deux ans. De même l’a­mé­lio­ra­tion jour après jour des pro­cé­dures de conduite, élé­ment essen­tiel de la rigueur et de la tra­ça­bi­li­té de l’ex­ploi­ta­tion, sera tes­tée sur simu­la­teur avant de l’être » in vivo « .

En ce qui concerne la for­ma­tion néces­saire pour pilo­ter une cen­trale nucléaire, le cur­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion d’un jeune tech­ni­cien titu­laire d’un bac + 2 com­prend trois grandes étapes que sont la for­ma­tion au métier de tech­ni­cien d’ex­ploi­ta­tion, l’exer­cice du métier de tech­ni­cien d’ex­ploi­ta­tion, la for­ma­tion au métier d’opérateur.

La formation au métier de technicien d’exploitation

Il s’a­git d’un pro­ces­sus qui s’é­tale sur envi­ron seize mois et qui alterne des apports théo­riques sur la des­crip­tion et le fonc­tion­ne­ment des dif­fé­rents cir­cuits com­po­sant la cen­trale nucléaire, des apports pra­tiques sur la visua­li­sa­tion des maté­riels et leur fonc­tion­ne­ment, des périodes de com­pa­gnon­nage avec un agent habi­li­té pour l’ap­pren­tis­sage des gestes pro­fes­sion­nels. Cette pre­mière étape débouche sur l’ha­bi­li­ta­tion » tech­ni­cien d’ex­ploi­ta­tion » au terme d’une éva­lua­tion des com­pé­tences acquises.

L’exercice du métier de technicien d’exploitation

Cette étape dure de douze à trente mois en fonc­tion des com­pé­tences mises en œuvre et des oppor­tu­ni­tés de for­ma­tion pro­gram­mées. L’exer­cice du métier de tech­ni­cien d’ex­ploi­ta­tion est une étape néces­saire dans l’ap­pro­pria­tion et l’ap­pro­fon­dis­se­ment des com­pé­tences de » ter­rain » qui sont néces­saires à l’ac­qui­si­tion des com­pé­tences de pilo­tage depuis la salle de com­mande centralisée.

La formation au métier d’opérateur

Elle s’é­tale sur envi­ron dix-huit mois, elle com­prend une par­tie théo­rique et une par­tie pra­tique sur simu­la­teur qui se réa­lisent en alter­nance avec des périodes d’ob­ser­va­tion et de com­pa­gnon­nage en salle de commande.

Centre nucléaire de Cruas : la salle de contrôle après Three Mile Island.
Centre nucléaire de pro­duc­tion d’électricité de Cruas : la salle de contrôle après TMI.

La par­tie théo­rique est cen­trée sur le fonc­tion­ne­ment et l’in­ter­dé­pen­dance des cir­cuits, sur la com­pré­hen­sion des phé­no­mènes phy­siques qui ont lieu dans le réac­teur et sur la sûre­té des ins­tal­la­tions. Elle est réa­li­sée en alter­nance avec des immer­sions dans une équipe de conduite pour obser­ver et appro­fon­dir le rôle et les actions des opé­ra­teurs en salle de commande.

La par­tie pra­tique se réa­lise sur dif­fé­rents types de simu­la­teurs afin de per­mettre une pro­gres­sion dans l’ac­qui­si­tion et la struc­tu­ra­tion des com­pé­tences. Les simu­la­teurs uti­li­sés sont d’a­bord des simu­la­teurs qui modé­lisent dif­fé­rentes par­ties de l’ins­tal­la­tion (le réac­teur, le cir­cuit pri­maire, le groupe tur­bo-alter­na­teur) puis un simu­la­teur d’en­semble (dont la salle de com­mande est iden­tique à la réa­li­té) sur lequel sont déve­lop­pés dif­fé­rents modules de fonc­tion­ne­ment nor­mal (deux semaines), de fonc­tion­ne­ment inci­den­tel (deux semaines), de fonc­tion­ne­ment acci­den­tel (deux semaines) et de perte des sources élec­triques (deux semaines). Ces modules sont réa­li­sés en alter­nance avec une for­ma­tion par com­pa­gnon­nage d’un opé­ra­teur exer­çant son métier en salle de com­mande. Cette étape débouche sur l’ha­bi­li­ta­tion » opé­ra­teur » suite à l’é­va­lua­tion des com­pé­tences acquises.

Ensuite, l’en­tre­tien des connais­sances des opé­ra­teurs est réa­li­sé au tra­vers de deux semaines de for­ma­tion annuelle sur simu­la­teur d’en­semble et de quatre semaines de for­ma­tion locale structurée.

Le retour d’expérience

L’im­por­tance don­née à la simu­la­tion ne doit pas nous faire oublier un autre outil contri­buant à l’a­mé­lio­ra­tion de l’ex­ploi­ta­tion : le retour d’expérience.

L’a­na­lyse sys­té­ma­tique de toute ano­ma­lie, si minime soit-elle, est pra­ti­quée sys­té­ma­ti­que­ment tant au niveau local qu’au niveau natio­nal après collationnement.

La pre­mière phase de cette ana­lyse n’en est pas la moindre ; c’est celle qui consiste à com­prendre en pro­fon­deur ce qui s’est pas­sé, à décou­vrir ce que les Anglo-Saxons appellent les » root causes » de l’in­ci­dent. Une autre phase n’est pas moins enri­chis­sante : celle qui consiste à mettre cette ana­lyse en termes faci­le­ment trans­mis­sibles aux col­lègues des autres centrales.

Cette ana­lyse a conduit dans le pas­sé à modi­fier bien des maté­riels, mais aus­si des pro­cé­dures, des pro­grammes de for­ma­tion, etc.

La ges­tion de ces modi­fi­ca­tions au niveau d’un parc stan­dar­di­sé n’est pas une mince affaire ; c’est pour­tant une néces­si­té, si l’on veut gar­der les avan­tages de la stan­dar­di­sa­tion ; c’est pour­quoi, alors que l’i­dée de base est bien que l’a­na­lyse et le retour d’ex­pé­rience doivent d’a­bord se faire sur le ter­rain, il est appa­ru rapi­de­ment indis­pen­sable qu’un organe cen­tral gère ces évo­lu­tions de façon coor­don­née sur l’en­semble du parc.

Un autre exemple, direc­te­ment déri­vé du pro­gramme post-TMI et de notre propre retour d’ex­pé­rience, a été la déci­sion prise en 1982 de dou­bler l’a­na­lyse de chaque situa­tion per­tur­bée grâce à la mise en place d’un ingé­nieur sûre­té-radio­pro­tec­tion uti­li­sant une méthode indé­pen­dante de celle de l’é­quipe de quart en charge de la conduite de l’installation.

Ain­si le concept de défense en pro­fon­deur se retrouve tant sur le plan tech­nique (la redon­dance des voies de sau­ve­garde) que sur les plans humain (la double ana­lyse) et orga­ni­sa­tion­nel (doubles pro­cé­dures accidentelles).

Une maintenance de qualité

Une poli­tique de qua­li­té, cela signi­fie entre autres : pré­pa­ra­tion rigou­reuse des tâches, redon­dance des exper­tises, tra­ça­bi­li­té des actions effec­tuées, trans­mis­sion des infor­ma­tions par­tout où elles sont néces­saires. Et ceci doit s’ap­pli­quer dans l’en­semble des fonc­tions de l’ex­ploi­ta­tion. La main­te­nance se doit d’être en tous ces domaines au même niveau que la conduite. C’est la condi­tion pour que soient évi­tées les consé­quences fâcheuses, par­fois obser­vées dans le pas­sé, de main­te­nances mal gérées, sur la suite de l’exploitation.

La main­te­nance des cen­trales nucléaires par­ti­cipe de manière déter­mi­nante à l’at­teinte des objec­tifs de per­for­mance du parc, en matière de sûre­té, dis­po­ni­bi­li­té, coûts, radio­pro­tec­tion, durée de vie. Elle se carac­té­rise par :

  • un niveau d’ac­ti­vi­tés de main­te­nance (1,2 mil­liard d’eu­ros) et de modi­fi­ca­tions d’ins­tal­la­tions à hau­teur totale d’en­vi­ron 1,8 mil­liard d’eu­ros en 2000, dont 1,2 mil­liard d’eu­ros sont exter­na­li­sés, avec 20 000 prestataires,
  • une répar­ti­tion deux tiers, un tiers entre main­te­nance pré­ven­tive sys­té­ma­tique et corrective.

Les grands axes de la poli­tique tech­nique consistent en :

  • une évo­lu­tion, en cours de mise en œuvre sur les sites de pro­duc­tion, d’une main­te­nance opti­mi­sée tirée par les per­for­mances, valo­ri­sant à la fois l’ex­ploi­ta­tion d’un parc stan­dar­di­sé et la maî­trise locale de l’ou­til de pro­duc­tion, et s’a­dap­tant aux évo­lu­tions d’ex­ploi­ta­tion (cycles allon­gés…) ain­si qu’aux contraintes réglementaires,
  • la défi­ni­tion d’un réfé­ren­tiel décen­nal visant à confor­ter le niveau de sûre­té et réa­li­ser les évo­lu­tions fonc­tion­nelles néces­saires aux performances.

Les prin­ci­paux leviers de cette poli­tique sont les suivants :

  • l’op­ti­mi­sa­tion de la main­te­nance par la fia­bi­li­té (OMF) a été réa­li­sée sur 50 sys­tèmes actifs à forts enjeux, elle s’ap­puie sur les études pro­ba­bi­listes de sûre­té, le retour d’ex­pé­rience, l’a­na­lyse fonc­tion­nelle des causes et des consé­quences de défaillance. Une démarche équi­va­lente est en cours sur les sys­tèmes passifs,
  • le déve­lop­pe­ment de la main­te­nance pré­ven­tive condi­tion­nelle et l’in­ter­com­pa­rai­son en interne et à l’international,<
  • enfin, le pro­ces­sus de main­te­nance excep­tion­nelle consis­tant, à par­tir d’une ana­lyse pros­pec­tive des évé­ne­ments à consé­quences géné­riques lourdes, à défi­nir des mesures pré­ven­tives allant de l’é­tude de fai­sa­bi­li­té de rem­pla­ce­ment (pres­su­ri­seur, par exemple) jus­qu’à la capa­ci­té opé­ra­tion­nelle de faire (répa­ra­tion d’une liai­son bimé­tal­lique, par exemple). Cette démarche a été appli­quée notam­ment sur les zones en alliage 600 des réac­teurs, suite aux pro­blèmes ren­con­trés sur les tubes GV, les piquages de pres­su­ri­seurs 1 300, les cou­vercles de cuve.


La maî­trise de la main­te­nance asso­cie étroi­te­ment les com­pé­tences internes EDF et celles des construc­teurs et pres­ta­taires. Des for­ma­tions ini­tiales et de recy­clage sont en place. Elles concernent non seule­ment les aspects tech­niques liés aux métiers mais aus­si la sûre­té et la radio­pro­tec­tion. Là aus­si règnent des espèces de simu­la­teurs sous forme de bancs d’en­traî­ne­ment, sou­vent en taille réelle, où la gran­deur simu­lée est la contrainte de radio­pro­tec­tion. Pour être cer­tain que ces for­ma­tions sont effec­tuées, y com­pris chez les sous-trai­tants exté­rieurs, EDF les prend direc­te­ment en charge et met en place un » car­net indi­vi­duel d’ac­cès » obli­ga­toire pour péné­trer sur un chan­tier et men­tion­nant entre autres choses les habi­li­ta­tions acquises et les for­ma­tions sui­vies. Le contrôle est sys­té­ma­ti­sée pour les étapes clés de la main­te­nance avec la créa­tion de » char­gés de contrôle » appuyant les » char­gés d’af­faires » eux-mêmes don­neurs d’ordres aux pres­ta­taires sollicités.

Des étapes de progrès : les visites décennales

Ain­si le parc de pro­duc­tion nucléaire a pu, après un bon démar­rage, pas­ser le cap des pre­mières visites décen­nales avec des per­for­mances tout à fait remar­quables tant en matière de sûre­té nucléaire (aucun acci­dent en plus de 1 000 années-réac­teur d’ex­ploi­ta­tion) que de com­pé­ti­ti­vi­té, de volume de pro­duc­tion et de coût du kWh, par­mi les plus bas d’Eu­rope, per­met­tant 70 TWh d’ex­por­ta­tion chaque année. Aujourd’­hui les pre­mières tranches du palier 900 MW achèvent leur deuxième visite décennale.

Ces visites, après exa­men atten­tif de l’au­to­ri­té de sûre­té, per­mettent dix années sup­plé­men­taires de fonc­tion­ne­ment. Elles com­portent un nombre impor­tant de contrôles néces­si­tant un arrêt de pro­duc­tion de trois à quatre mois. Cet inves­tis­se­ment péna­lise la dis­po­ni­bi­li­té pré­sente des tranches concer­nées mais est le gage de l’ex­ploi­ta­tion pérenne de l’ou­til nucléaire.

Ces visites com­portent essen­tiel­le­ment deux étapes : l’exa­men de confor­mi­té et le réexa­men de sûre­té. Ce type de démarche consiste à véri­fier la confor­mi­té de l’ins­tal­la­tion aux cri­tères de concep­tion, à rééva­luer ces cri­tères à l’aune de l’ex­pé­rience acquise et des nou­velles connais­sances scien­ti­fiques (par exemple la tenue au séisme) et à mettre l’ins­tal­la­tion en confor­mi­té avec un réfé­ren­tiel de sûre­té rééva­lué. Ce pro­ces­sus est, pour l’ins­tant, unique au monde. En effet, les auto­ri­tés de sûre­té se contentent sou­vent de véri­fier la confor­mi­té aux cri­tères de concep­tion ini­tiaux, sans rééva­lua­tion systématique.

Il est le garant d’un haut niveau de sûre­té, répon­dant au haut niveau d’exi­gences du public en matière d’in­dus­trie à risque, en par­ti­cu­lier dans le domaine nucléaire. Il est le garant éga­le­ment de la lon­gé­vi­té du parc de pro­duc­tion et donc de son effi­ca­ci­té éco­no­mique : les inves­tis­se­ments s’a­mor­tissent sur une période plus longue.

C’est ain­si qu’EDF engage d’ores et déjà la pré­pa­ra­tion des troi­sièmes visites décen­nales en y consa­crant une part impor­tante de ses forces d’in­gé­nie­rie. Ces troi­sièmes visites décen­nales com­por­te­ront à nou­veau un réexa­men de sûre­té et une remise à niveau tenant compte notam­ment de l’âge de cer­tains com­po­sants (câbles élec­triques, contrôle com­mande, pièces méca­niques actives ou sta­tiques…) et des pers­pec­tives de durée de vie » rési­duelle « . La plu­part des pays occi­den­taux affichent déjà aujourd’­hui des durées de vie de soixante ans pour leurs ins­tal­la­tions de concep­tion com­pa­rable à celle des cen­trales françaises.

Au plan international

Les experts et les poli­tiques ont beau­coup débat­tu des ori­gines de l’ac­ci­dent de la cen­trale ukrai­nienne de Tcher­no­byl le 26 avril 1986 : défauts de concep­tion ou erreurs humaines ? La réponse est pour­tant simple : les deux à la fois. Côté exploi­tant, il semble qu’il y ait eu un véri­table oubli des impé­ra­tifs de sûre­té : inter­dic­tion de mettre la cen­trale dans cer­tains domaines de fonc­tion­ne­ment, pri­mau­té abso­lue des sys­tèmes de sécu­ri­té, mau­vaise pré­pa­ra­tion de l’es­sai en cause, arri­vant tout droit de Mos­cou sans concer­ta­tion ni expli­ca­tion préalable.

Clai­re­ment, en 1986, le per­son­nel de Tcher­no­byl avait per­du la conscience d’a­voir en mains une ins­tal­la­tion à risques ; et peut-être était-il plus pré­oc­cu­pé du malaise poli­tique et social qui enva­his­sait alors l’URSS et des dif­fi­cul­tés éco­no­miques qui pesaient de plus en plus sur les bud­gets et même les salaires. La culture de sûre­té, qui n’a­vait d’ailleurs jamais été au niveau de celle des pays de l’OCDE, s’é­tait tota­le­ment évaporée.

Les exploi­tants de ces pays de l’OCDE ne purent que consta­ter à quel point la défaillance d’un seul exploi­tant quelque part dans le monde pou­vait géné­rer par­tout doute et défiance à l’é­gard de l’in­dus­trie nucléaire dans son ensemble. Comme on l’a dit plus tard à Wano : » We are as weak as the wea­kest among our members. »

Après les évé­ne­ments de Three Mile Island, les élec­tri­ciens amé­ri­cains avaient fon­dé l’IN­PO, l’Ins­ti­tute of Nuclear Power Ope­ra­tors, mutua­li­sant en quelque sorte l’ex­pé­rience d’ex­ploi­ta­tion et la for­ma­tion entre les mul­tiples petits exploi­tants nucléaires amé­ri­cains. Il suf­fi­sait de trans­po­ser à l’é­chelle mon­diale, ce qui fut fait, grâce aux efforts essen­tiel­le­ment des Amé­ri­cains et des Fran­çais, avec l’ac­cord des Sovié­tiques, abou­tis­sant en mai 1989 à la créa­tion de la World Asso­cia­tion of Nuclear Ope­ra­tors (WANO).

Le but de WANO, asso­cia­tion libre­ment consen­tie d’ex­ploi­tants de cen­trales nucléaires est de mettre à la dis­po­si­tion de tous l’ex­pé­rience acquise par cha­cun de façon à his­ser les plus faibles au niveau des meilleurs. Le pre­mier acte de WANO fut de pro­vo­quer une visite d’une équipe de cha­cune des cen­trales de l’Eu­rope de l’Est dans une cen­trale » à l’Ouest « . Puis l’as­so­cia­tion encou­ra­gea les jume­lages, les échanges sous toutes leurs formes (sémi­naires, banques de don­nées, etc.). Enfin un cer­tain nombre de pro­grammes furent for­ma­li­sés. Par­mi eux, les deux plus impor­tants sont :

  • les event reports : chaque fois que quelque chose qui sort de la rou­tine se pro­duit dans une cen­trale, celle-ci ana­lyse l’é­vé­ne­ment et dif­fuse un rap­port. À cha­cun d’en tirer les ensei­gne­ments, éven­tuel­le­ment de le repro­duire sur son simu­la­teur, de pro­po­ser des parades, d’en­tre­te­nir si néces­saire un dia­logue avec la cen­trale ori­gine, etc.,
  • les peer reviews : pério­di­que­ment chaque cen­trale reçoit une équipe (spé­cia­le­ment consti­tuée) d’ex­ploi­tants, col­lègues expé­ri­men­tés, pen­dant une ou deux semaines pour un check-up appro­fon­di des points forts et des points faibles de son exploi­ta­tion. Un rap­port est ensuite éta­bli et remis à la cen­trale ; celle-ci est invi­tée à rece­voir dix-huit mois ou deux ans plus tard une nou­velle visite per­met­tant de véri­fier la mise en appli­ca­tion des recom­man­da­tions faites.


En éta­blis­sant des indi­ca­teurs de per­for­mance, WANO per­met à cha­cun de se situer par rap­port aux autres et de mesu­rer son évo­lu­tion dans le temps.

Tout cela peut paraître simple et évident. En réa­li­té la mise en œuvre se heurte à de nom­breuses dif­fi­cul­tés : outre la sus­cep­ti­bi­li­té des uns et des autres, pro­blèmes de langue, de culture, de dis­po­ni­bi­li­té des experts, etc. Après plus de dix ans d’exis­tence WANO a démon­tré que c’é­tait pos­sible. Aujourd’­hui tous les exploi­tants du monde, qui se répar­tissent dans 32 pays, font par­tie de l’as­so­cia­tion et les quelques-uns qui envi­sagent de mettre en ser­vice une nou­velle ins­tal­la­tion sou­haitent y entrer et en béné­fi­cier le plus en amont possible.

Le bilan de cette action est sans aucun doute très posi­tif. Le niveau de la culture de sûre­té a incon­tes­ta­ble­ment fait un bond en avant au cours des quinze der­nières années ; WANO s’at­tache à le mesu­rer en par­ti­cu­lier chez les exploi­tants qui en avaient le plus besoin.

Faut-il fer­mer les réac­teurs RBMK encore en exploi­ta­tion ? Oui, car ils ont des défauts de concep­tion qu’il est impos­sible de cor­ri­ger ; mais l’a­mé­lio­ra­tion de la qua­li­té de l’ex­ploi­ta­tion devrait per­mettre, et de fait per­met, de le faire » cal­me­ment » en tenant compte des besoins qui sont der­rière et qu’il faut bien conti­nuer à satisfaire.

Bien enten­du, l’ac­tion de WANO est loin d’être ter­mi­née. Elle doit se pour­suivre. Aura-t-elle jamais une fin ?

Quel est le risque rési­duel qui menace le bon fonc­tion­ne­ment des cen­trales nucléaires répar­tis dans les 32 pays déjà men­tion­nés ? C’est celui de voir l’un de ces pays oublier le pri­mat de la sûre­té au pro­fit de tel autre impé­ra­tif, le plus évident étant de satis­faire des besoins en éner­gie qui, pour une rai­son quel­conque, ne pour­raient pas être satis­faits autrement.

Que peut faire un exploi­tant qui reçoit l’ordre de conti­nuer à fonc­tion­ner mal­gré les réserves que peut avoir l’au­to­ri­té de sûre­té com­pé­tente ou l’ex­ploi­tant lui-même ? Et ce point à lui seul, et plus que tout autre, jus­ti­fie l’at­ti­tude de ceux qui sou­lignent que l’on ne peut ins­tal­ler des cen­trales nucléaires dans des socié­tés qui ne sont pas gérées cor­rec­te­ment. C’est à parer ce dan­ger que s’est atta­chée l’A­gence inter­na­tio­nale de l’éner­gie ato­mique, orga­ni­sa­tion inter­gou­ver­ne­men­tale (à la dif­fé­rence de WANO), en deman­dant aux pays nucléaires de signer l’In­ter­na­tio­nal Safe­ty Convention.

Cette conven­tion, aujourd’­hui en vigueur, donne un droit d’au­dit aux pays signa­taires, leur per­met­tant de s’as­su­rer que tous les membres dis­posent d’une orga­ni­sa­tion de sûre­té per­ti­nente et en par­ti­cu­lier que les auto­ri­tés de sûre­té y ont la com­pé­tence, l’in­dé­pen­dance et l’au­to­ri­té néces­saires. Il est tout à fait impor­tant que cette conven­tion fonc­tionne efficacement.

L’A­gence inter­na­tio­nale de l’éner­gie ato­mique (AIEA) a par ailleurs fait un tra­vail consi­dé­rable pour défi­nir, au plan mon­dial, ce qu’est la culture de sûre­té, indis­pen­sable à tous pour per­mettre une exploi­ta­tion fiable des ins­tal­la­tions nucléaires. Comme le dit la publi­ca­tion de l’In­ter­na­tio­nal Nuclear Safe­ty Advi­so­ry Group connue sous le nom d’IN­SAG 4 : » La culture de sûre­té est l’en­semble des carac­té­ris­tiques et des atti­tudes qui, dans les orga­nismes et chez les indi­vi­dus, font que les ques­tions rela­tives à la sûre­té des cen­trales nucléaires béné­fi­cient, en prio­ri­té, de l’at­ten­tion qu’elles méritent en rai­son de leur impor­tance. Elle doit se tra­duire par : une atti­tude inter­ro­ga­tive, une démarche rigou­reuse et pru­dente, et la com­mu­ni­ca­tion nécessaire. »

Nul dans le monde ne peut plus pré­tendre igno­rer ces grands prin­cipes. L’AIEA et WANO tra­vaillent ensemble à faire en sorte qu’ils soient appli­qués avec rigueur, par­tout et à tout instant.

Conclusion

Compte tenu à la fois des tech­niques en cause et du contexte d’exi­gences accrues de la socié­té, l’ex­ploi­ta­tion nucléaire néces­site l’excellence.

Cette exi­gence d’ex­cel­lence impose une res­pon­sa­bi­li­té claire de l’ex­ploi­tant nucléaire, ce que les textes régle­men­taires fran­çais défi­nissent parfaitement.

Elle impose éga­le­ment une puis­sance publique forte, capable de contrô­ler l’ex­ploi­tant res­pon­sable de la sûre­té nucléaire : c’est le cas en France avec hier le SCSIN, aujourd’­hui la DSIN et ses appuis tech­niques, demain la DGRSN.

Il faut qu’il en soit de même par­tout où des ins­tal­la­tions nucléaires sont en exploi­ta­tion. Les efforts des orga­nismes inter­na­tio­naux vont en ce sens.

L’ex­cel­lence impose enfin le fait d’a­voir pour cha­cune des res­pon­sa­bi­li­tés requises et pour cha­cun des postes de tra­vail des hommes et des femmes conscients de leur rôle, for­més et entraî­nés à tra­vailler serei­ne­ment en milieu dif­fi­cile, par­fois hostile.

Faut-il des sur­doués pour rele­ver ce défi quo­ti­dien ? Des sur­doués non, mais des hommes et des femmes bien for­més, com­pé­tents tech­ni­que­ment, por­teurs de valeurs exi­geantes, moti­vés et recon­nus pour cette dif­fi­cile et exal­tante mission. 

2 Commentaires

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lam­bertrépondre
29 décembre 2016 à 12 h 18 min

sûre­té nucléaire
Toute chaine n’a de force que son maillon le plus faible. Un ingé­nieur, des ingé­nieurs, fussent-ils les plus com­pé­tents ont besoin d’exé­cu­tants. Or, ceux-ci ne sont pas dans les têtes de ces ingé­nieurs et n’ont ni leurs com­pé­tences, ni leurs salaires. Ils sont donc les maillons faibles de la chaine. La dégra­da­tion de la sûre­té pren­dra des années mais elle arrive dou­ce­ment mais sur­ement. Et per­sonne ne com­pren­dra com­ment elle est arri­vée, les ori­gines se per­dant dans les mil­liers d’o­pé­ra­tions réa­li­sées au fil du temps.

Gue­rinrépondre
13 octobre 2021 à 8 h 18 min

Et le simu­la­teur de civaux fait par Gérard gue­rin copie par­tielle de daya bay

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