Entretien avec Jean Salençon (59), président de l’Académie des sciences

Dossier : ExpressionsMagazine N°651 Janvier 2010
Par Jean SALENÇON (59)

» Mon par­cours, comme celui de tout scien­ti­fique, com­porte beau­coup de hasards. Je suis sor­ti de l’É­cole poly­tech­nique dans le corps des Ponts et Chaus­sées, puis, après mon ser­vice mili­taire en Algé­rie et ma for­ma­tion à l’É­cole des ponts, je me suis orien­té vers la recherche appli­quée aux pro­blé­ma­tiques du génie civil, au sein du LMS. J’ai com­men­cé ma car­rière d’en­sei­gnant en 1964 aux Mines, en même temps que je pré­pa­rais ma thèse de doc­to­rat d’É­tat. Je n’ai fina­le­ment jamais ces­sé d’en­sei­gner, des Mines aux Ponts puis à l’X, en paral­lèle de mes acti­vi­tés de recherche. J’ai eu la chance de com­men­cer à ensei­gner des dis­ci­plines de méca­nique appli­quée puis de méca­nique plus fon­da­men­tale, dans cet ordre. » 

De la Mon­tagne Sainte-Gene­viève à Palai­seau, Jean Salen­çon n’a (presque) jamais quit­té l’École. Il a pris l’an der­nier les fonc­tions de pré­sident de l’Académie des sciences au sein de l’Institut de France qu’il a pré­si­dé en 2009. Il est éga­le­ment membre de l’Académie des tech­no­lo­gies et de l’Instituto Lom­bar­do (Milan). Il est cher­cheur au Labo­ra­toire de méca­nique des solides (LMS).

» J’ai eu ensuite un pied rue des Saints-Pères (les Ponts) et un pied à Palai­seau (au LMS, deve­nu com­mun aux deux éta­blis­se­ments), avec la mis­sion de consti­tuer une équipe de recherche, en cal­cul des struc­tures, en méca­nique des sols, sur les pro­blèmes de sta­bi­li­té de pentes, de résis­tance de bar­rages, de fon­da­tions, notam­ment sous des sol­li­ci­ta­tions sis­miques. J’ai appris récem­ment que les résul­tats de mes recherches étaient cités pour leur contri­bu­tion au pont Rion-Anti­rion, qui, depuis 2004, relie le Pélo­pon­nèse à la Grèce continentale. » 

L’Académie des sciences

» Dès sa créa­tion, en 1666 sous pro­tec­tion du roi, l’A­ca­dé­mie des sciences tient un rôle de conseil pour ce der­nier. Aujourd’­hui, sous la pro­tec­tion du pré­sident de la Répu­blique, elle a plu­sieurs mis­sions. Outre quelques rap­ports qu’elle remet sur dif­fé­rents sujets au Pré­sident, elle est consul­tée par les cabi­nets minis­té­riels sur des sujets d’ac­tua­li­té. Elle a aus­si une véri­table mis­sion d’an­ti­ci­pa­tion. C’est très bien de don­ner des avis mais c’est mieux de pré­voir. Quelques-uns de nos rap­ports ont eu un beau suc­cès, comme celui sur les eaux continentales.

» Selon ses sta­tuts, l’A­ca­dé­mie est indé­pen­dante et pérenne ; c’est pri­mor­dial. Elle sou­tient la science de bien des manières : elle encou­rage les scien­ti­fiques en attri­buant des prix à des scien­ti­fiques fran­çais et étran­gers. Elle s’in­ves­tit dans l’en­sei­gne­ment de la science, que ce soit par des prises de posi­tion sur l’en­sei­gne­ment des sciences au col­lège et au lycée, ou par des actions concrètes comme La Main à la pâte, Asso­cia­tion éma­nant de l’A­ca­dé­mie qui vise à pro­mou­voir au sein de l’é­cole pri­maire une démarche d’in­ves­ti­ga­tion scientifique.

En tant que pré­sident élu pour deux ans, je donne les impul­sions et fixe les objec­tifs avec le vice-président.

Le cos­tume d’a­ca­dé­mi­cien dif­fère-t-il beau­coup de l’u­ni­forme poly­tech­ni­cien ? » Ah, mais il est bien plus beau avec ses bro­de­ries ! Le cos­tume n’est pas obli­ga­toire mais moi, j’en ai besoin pour mon­ter au » per­choir » sous la Cou­pole. Le cos­tume que je porte appar­te­nait à un ingé­nieur des Ponts bien connu, Paul Séjour­né (1851−1939). J’en suis très honoré. »

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