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Dossier : Les pays de FranceMagazine N°631 Janvier 2008

Pascal Chareille, Xavier Rodier et Élisabeth Zadora-Rio. « Analyse des transformations du maillage paroissial et communal en Touraine à l’aide d’un Sig ». Histoire & Mesure XIX, n° S 34 (2004) : 317–43.

La confron­ta­tion de maillages théo­riques fon­dés sur la dis­tance, le relief et l’hy­dro­gra­phie avec les limites réelles des com­munes lors de leur créa­tion, en 1791, et en 1999 (date de la BD-Car­to de l’I­gn), indique la pré­do­mi­nance de la dis­tance entre les chefs-lieux dans le maillage. Contrai­re­ment aux hypo­thèses admises jusque-là, ni le poten­tiel agri­cole, ni l’an­cien­ne­té des chefs-lieux, ni même leur poids hié­rar­chique ne jouent un rôle déter­mi­nant dans les varia­tions de super­fi­cie des communes.

Florent Hautefeuille, « La délimitation des territoires paroissiaux dans les pays de Moyenne Garonne (Xe-XVe siècle) ». Médiévales, n° 49, 73–88 (2005).

Dans l’aire de la confluence Tarn-Avey­ron-Garonne, la docu­men­ta­tion fait appa­raître plu­sieurs types de paroisses, atta­chées à dif­fé­rents types d’é­glises, de l’é­glise annexe au prieu­ré.
Ces dif­fé­rences paraissent plus juri­diques ou fis­cales que réelles dans le fonc­tion­ne­ment quo­ti­dien de la paroisse des parois­siens. Par ailleurs, le pro­ces­sus de ter­ri­to­ria­li­sa­tion des paroisses semble tar­dif et lent à se géné­ra­li­ser. Il s’ex­plique par trois phé­no­mènes qui se mêlent : l’in­fluence de struc­tures issues du pas­sé, la contrainte géo­gra­phique et les aléas de l’his­toire contem­po­raine du pro­ces­sus de formation.

Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, L’Invention de la France Hachette collection Pluriel, 1981, 1992, 512 p. (épuisé en librairie).

Ce livre est un clas­sique. Se situant dans la longue durée brau­dé­lienne, les auteurs ana­lysent des com­por­te­ments très divers. Par exemple, le vote com­mu­niste reflé­tait davan­tage des pra­tiques suc­ces­so­rales sécu­laires qu’une carte récente de l’in­dus­tria­li­sa­tion ou de la répar­ti­tion de la classe ouvrière. La France du Nord, celle de familles nucléaires, est celle où l’on hérite. Celle du Sud-Ouest, à struc­ture de famille-souche, se carac­té­rise par un héri­tage inéga­li­taire. Bref, le ter­ri­toire natio­nal est une mosaïque de sys­tèmes de paren­té régis­sant la reli­gio­si­té, les pra­tiques poli­tiques, les modes de vie et de pen­sée.
Ce livre fit voir d’un nou­vel œil la socio­lo­gie élec­to­rale. Devant des forces cen­tri­fuges pro­pre­ment explo­sives, la Conven­tion impo­sa une cen­tra­li­sa­tion uni­fi­ca­trice forte, l’in­ven­tion de la France.

Samuel Leturcq, « Territoires agraires et limites paroissiales ». Médiévales n°49,89–104 (2005).

Le « ter­roir », ter­ri­toire de com­pé­tence agraire d’une com­mu­nau­té pay­sanne, en même temps que réa­li­té des cam­pagnes médié­vales et modernes, reste dif­fi­cile à cer­ner. En l’ab­sence de sources défi­nis­sant pré­ci­sé­ment cette enti­té spa­tiale, les his­to­riens tendent volon­tiers à confondre ter­ri­toire agraire et ter­ri­toire parois­sial.
 De nom­breux exemples, répar­tis sur l’en­semble du ter­ri­toire fran­çais, montrent tou­te­fois que cette confu­sion est nocive : le ter­ri­toire agraire a une cohé­rence issue d’une logique d’ex­ploi­ta­tion fon­cière étran­gère aux pré­oc­cu­pa­tions reli­gieuses ou fis­cales de la paroisse. Une paroisse peut être mor­ce­lée en plu­sieurs ter­ri­toires agraires, ou alors être inté­grée tout entière, ou en par­tie, dans un ter­ri­toire dont l’exis­tence juri­dique est fon­dée sur des ententes intercommunautaires.

Élisabeth Zadora-Rio, « Territoires paroissiaux et construction de l’espace vernaculaire ». Médiévales, n° 49 (2005).

La nou­veau­té radi­cale du réseau parois­sial, par rap­port aux décou­pages admi­nis­tra­tifs de l’An­ti­qui­té et du haut Moyen Âge, tient à son échelle : c’est le pre­mier maillage admi­nis­tra­tif à l’é­chelle de l’es­pace ver­na­cu­laire dans lequel s’ins­crivent les pra­tiques reli­gieuses et sociales. Si la volon­té d’en­ra­ci­ner la com­mu­nau­té parois­siale dans un ter­ri­toire cohé­rent et pré­ci­sé­ment cir­cons­crit est bien attes­tée aux XIIe-XIIIe siècles, et si ses ori­gines peuvent être retra­cées jus­qu’au IXe siècle, son implan­ta­tion s’est heur­tée à de nom­breux obs­tacles. En par­ti­cu­lier, les droits parois­siaux n’é­taient ni coex­ten­sifs, ni pré­ci­sé­ment déli­mi­tés. Les super­po­si­tions étaient nom­breuses. Elles prirent fin seule­ment avec la car­to­gra­phie moderne, lors de la créa­tion des com­munes en 1790.

The World of Atget (4 vol.). Vol. 1, Old France. Museum of Modern Art, New York, 1982.

Cet album montre une France inha­bi­tée, semble-t-il. Eugène Atget le consti­tua durant le pre­mier quart du ving­tième siècle. Églises et mai­sons, pho­to­gra­phiées dans des vil­lages et des bourgs, des villes par­fois, en Île-de-France le plus sou­vent, sont des sque­lettes externes. La pierre est une coquille, pro­tec­trice d’une vie se dérou­lant à l’in­té­rieur des édi­fices seule­ment, que la pho­to­gra­phie ne per­met même pas d’i­ma­gi­ner. Anté­rieurs à la cir­cu­la­tion auto­mo­bile géné­ra­li­sée, les repor­tages d’At­get enre­gistrent l’ap­pau­vris­se­ment de la vie publique ain­si que l’en­fouis­se­ment de la vie pri­vée dans le secret du logis.

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