Deux livres de Marc CHERVEL (52)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°535 Mai 1998Par : Marc CHERVEL (52)

Le fonc­tion­ne­ment du mar­ché sui­vant les lois com­mer­ciales de la ren­ta­bi­li­té ne semble pas conduire spon­ta­né­ment le monde vers un état har­mo­nieux d’équilibre et de bie­nêtre : le quart de l’humanité vit avec un reve­nu de moins de un dol­lar par jour, et pour les pays riches comme les nôtres des dés­équi­libres tels sont appa­rus (chô­mage, défi­cits) qu’ils sapent les fon­de­ments mêmes de nos sociétés.

À côté du cal­cul de ren­ta­bi­li­té finan­cière des acti­vi­tés et des pro­jets nou­veaux, qui régule nos éco­no­mies libé­rales, s’impose peu à peu la néces­si­té de mettre en place un autre cal­cul, un cal­cul de ren­ta­bi­li­té plus glo­bal qui cher­che­rait à prendre en compte direc­te­ment les objec­tifs de crois­sance, d’emploi et de mieux-être de l’ensemble des popu­la­tions de chaque pays. La pro­gram­ma­tion des actions de déve­lop­pe­ment pre­nant en compte les résul­tats de ce cal­cul et les poli­tiques éco­no­miques cor­res­pon­dantes devraient pou­voir conduire à une crois­sance plus har­mo­nieuse et à une réduc­tion de ces déséquilibres.

Deux pro­cé­dures concer­nant “l’évaluation éco­no­mique de pro­jets ” ont été pré­sen­tées depuis une tren­taine d’années : la “ méthode des effets ” fon­dée sur les études et les pro­cé­dures exis­tant au sein des admi­nis­tra­tions éco­no­miques natio­nales, méthode qui a été rete­nue en par­ti­cu­lier par les orga­nismes fran­çais de coopé­ra­tion, et les “ méthodes prix de réfé­rence ”, fon­dées sur la théo­rie néo­clas­sique domi­nante, qui ont la faveur des orga­nismes inter­na­tio­naux (Banque mon­diale, ONU, OCDE).

L’ouvrage de Publi­sud, après un rap­pel des outils de comp­ta­bi­li­té natio­nale et de cal­cul éco­no­mique uti­li­sés, pré­sente de manière suc­cincte ces deux séries de méthodes, des appli­ca­tions sché­ma­tiques ain­si que l’historique de ces méthodes et une com­pa­rai­son critique.

L’ouvrage publié par Orbi­ter est consa­cré à la seule méthode des effets. Après un expo­sé détaillé de cette approche, trois pro­jets étu­diés selon cette approche sont pré­sen­tés : l’exploitation d’un gise­ment de char­bon en Colom­bie, une cimen­te­rie en Bir­ma­nie et un pro­jet agro-ali­men­taire au Séné­gal. Rédi­gé ini­tia­le­ment pour l’ONU (Déve­lop­pe­ment indus­triel), ce manuel a été jugé trop hété­ro­doxe par rap­port aux erre­ments en vigueur – tant est fort le confor­misme de ce qu’on appelle main­te­nant “ la pen­sée unique ”.

Il n’a pu être publié qu’avec retard par un édi­teur italien.

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