Des catalyseurs biomimétiques pour produire de l’hydrogène

Dossier : L'industrie chimique, un renouveauMagazine N°664 Avril 2011
Par Marc FONTECAVE

REPÈRES

REPÈRES
Des micro-orga­nismes ont éla­bo­ré des enzymes incroya­ble­ment per­for­mantes pour col­lec­ter les pho­tons solaires, les conver­tir en éner­gie chi­mique et pour cata­ly­ser les réac­tions de trans­fert d’élec­trons. Ces sys­tèmes n’u­ti­lisent que des métaux très abon­dants alors que les dis­po­si­tifs les plus effi­caces mis au point par les chi­mistes uti­li­sés aujourd’­hui exigent des métaux nobles comme le pla­tine, très chers car peu abon­dants dans la croûte ter­restre. L’a­bon­dance ter­restre du pla­tine est de l’ordre de 5 ppm, équi­va­lente à celle de l’or.

Point de futur pour une éco­no­mie à hydro­gène si l’on ne sait résoudre les pro­blèmes du coût des cata­ly­seurs. Pour réduire l’eau en hydro­gène, les hydro­gé­nases uti­lisent aujourd’­hui du nickel ou du fer. Les enzymes sont une source d’ins­pi­ra­tion fas­ci­nante pour le chimiste.

Grenoble et Saclay

Une telle chi­mie bio-ins­pi­rée a été mise en oeuvre avec suc­cès au Labo­ra­toire de chi­mie et bio­lo­gie des métaux (CEA-CNRS-uni­ver­si­té J. Fou­rier, au CEA de Gre­noble), en col­la­bo­ra­tion avec une équipe du Labo­ra­toire de chi­mie des sur­faces et inter­faces (CEA de Saclay) et une équipe du Labo­ra­toire d’in­no­va­tion pour les tech­no­lo­gies des éner­gies nou­velles et les nano­ma­té­riaux (CEA de Grenoble).

Production en oxydation

Com­pa­ti­bi­li­té avec les mem­branes des piles à combustible

En com­bi­nant nanos­ciences et chi­mie bioins­pi­rée, il a été mis au point le pre­mier maté­riau capable, dans des dis­po­si­tifs élec­tro­chi­miques, de cata­ly­ser, comme le fait le pla­tine, aus­si bien la pro­duc­tion d’hy­dro­gène à par­tir de l’eau (pour des élec­tro­ly­seurs) que son oxy­da­tion (pour des piles à combustible).

Un petit com­plexe de nickel sert à repro­duire cer­taines carac­té­ris­tiques des hydro­gé­nases. Gref­fé sur des nano­tubes de car­bone, choi­sis pour leur impor­tante sur­face de contact avec le cata­ly­seur et pour leur grande conduc­ti­vi­té élec­trique, et dépo­sé sur une élec­trode, il se révèle extrê­me­ment stable et capable de fonc­tion­ner, sans sur­ten­sion, en milieu très acide ; ce qui assure sa com­pa­ti­bi­li­té avec les mem­branes échan­geuses de pro­tons (comme le Nafion), uti­li­sées de manière qua­si uni­ver­selle dans les piles à combustible.

Lever un verrou majeur

Même si les den­si­tés de cou­rant élec­trique obte­nues sont encore faibles, ce nou­veau maté­riau pour­rait lever un ver­rou scien­ti­fique majeur pour le déve­lop­pe­ment à grande échelle de l’é­co­no­mie à hydrogène.

Bibliographie

From hydro­ge­nases to noble metal-free cata­ly­tic nano­ma­te­rials for H2 pro­duc­tion and uptake. Le Goff A., Arte­ro V., Jous­selme B., Tran P. D., Guillet N., Métayé R., Fih­ri A., Pala­cin S., Fon­te­cave M. (2009), Science, 326, 1384–1387.

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