Cygne ou phénix ?

Dossier : ÉditorialMagazine N°692 Février 2014
Par Hortense LHERMITTE (83)

Succès pas­sés, impé­ra­tifs actuels, inno­va­tions et pros­pec­tive : le fil conduc­teur du dos­sier consa­cré à l’Europe guide une réflexion ana­logue sur la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne et l’international. Mais qu’en est-il des suc­cès futurs aux­quels la com­mu­nau­té peut et doit contribuer ?

Les suc­cès pas­sés sont nom­breux, dès l’origine de l’École qui accueille des savants étran­gers de pas­sage à Paris. Elle admet chaque année, « sur recom­man­da­tion des gou­ver­ne­ments étran­gers […], une poi­gnée de jeunes gens de toutes les natio­na­li­tés […] qui contri­buent à main­te­nir la répu­ta­tion de l’École et la sym­pa­thie pour ses anciens élèves » (Livre du cen­te­naire 1794–1894).

Sous le Pre­mier Empire, le concours est ouvert à une par­tie de l’Europe, l’X reçoit des élèves de Bel­gique, des Pays-Bas, du Luxem­bourg, du Pié­mont, d’Italie et de Suisse. Elle ins­pire et rayonne, ser­vant par exemple de modèle à l’académie amé­ri­caine de West Point.

Aux XIXe et XXe siècles, la place de la France en Europe et dans le monde conduit l’influence des poly­tech­ni­ciens à dépas­ser nos fron­tières, que ce soit en géo­po­li­tique, en matière d’avancées tech­no­lo­giques ou de pro­jets d’infrastructure.

Les impé­ra­tifs actuels sont d’un autre ordre. Avec 30 % d’étudiants étran­gers, bien­tôt une for­ma­tion hors de France pour tous les élèves, et près du quart d’une pro­mo­tion qui y démarre sa car­rière, l’X a pris le virage. On ne parle plus d’étranger, mais d’international. Les clas­se­ments des uni­ver­si­tés sont inter­na­tio­naux et, quelle que soit leur valeur, influencent les choix des étu­diants et des recruteurs.

Dans ce nou­vel envi­ron­ne­ment, l’AX évo­lue, les groupes s’internationalisent et se déve­loppent hors de France, les liens tri­an­gu­laires entre École, AX et FX se res­serrent, faci­li­tant le rayon­ne­ment de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne à l’international.

Quelles inno­va­tions et pros­pec­tive pour notre com­mu­nau­té dans ce contexte ?

Dis­per­sion et diver­si­té ampli­fient le risque d’éclatement de la com­mu­nau­té, mais consti­tuent une richesse pro­di­gieuse et des atouts poten­tiels, les dis­tances n’étant plus un frein à la com­mu­ni­ca­tion ou au par­tage d’information. Les modèles gagnants d’open source ou de col­la­bo­ra­tif se mul­ti­plient. Le défi est de savoir exploi­ter cette diver­si­té en iden­ti­fiant des objec­tifs com­muns. Défi pour l’Europe ?

C’est en inté­grant ces para­mètres, et avec le sou­tien de chaque poly­tech­ni­cien, que la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne contri­bue­ra aux suc­cès futurs et fera la dif­fé­rence entre la mort du cygne ou la renais­sance du phénix.

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