Coopération internationale : LadHyx, l’Inde et les autres

Dossier : ExpressionsMagazine N°656 Juin/Juillet 2010
Par Pauline SERRAZ

Un pro­gramme bila­té­ral de coopé­ra­tion scien­ti­fique entre l’Inde et la France a débu­té cette année

« En avril 2008, nous avons séjour­né en Inde avec la Direc­tion des rela­tions exté­rieures (DRE) afin d’é­ta­blir un Memo­ran­dum of Unders­tan­ding (MOU), accord qui per­met­tra de faci­li­ter les échanges entre nos étu­diants en méca­nique des fluides « , déclare Peter Schmid, cher­cheur au LadHyX.

« Nous y avons visi­té les IIT (Indian Ins­ti­tute of Tech­no­lo­gy) de Chen­nai, Mum­bai, Kan­pur, Del­hi et l’IIS (Indian Ins­ti­tute of Science) de Ban­ga­lore, ain­si que le Neh­ru Centre for Advan­ced Scien­ti­fic Research. »

Quinze natio­na­li­tés
Le LadHyX accueille chaque année quelques étu­diants du pro­gramme de stage pour étu­diants inter­na­tio­naux, pilo­té par la DRE. C’est que l’é­quipe du LadHyX est mul­ti­cul­tu­relle. Entre les doc­to­rants, les post­doc et les cher­cheurs, ce sont une quin­zaine de natio­na­li­tés qui sont repré­sen­tées (Alle­magne, Angle­terre, Argen­tine, Cana­da, Chi­li, Chine, Corée, États-Unis, Espagne, France, Inde, Ita­lie, Liban, Pakis­tan et Rus­sie). « J’ai effec­tué ma pre­mière par­tie de car­rière aux États-Unis et je ne conçois pas de tra­vailler dans un labo­ra­toire qui n’au­rait pas une forte com­po­sante inter­na­tio­nale », sou­ligne Patrick Huerre.

Un échange de doctorants

» À la suite de ce pre­mier voyage, nous avons éta­bli un Cefi­pra (Centre fran­co-indien pour la pro­mo­tion de la recherche avan­cée) avec Mum­bai, pro­gramme bila­té­ral de coopé­ra­tion scien­ti­fique entre l’Inde et la France. Ain­si, un échange de doc­to­rants en cotu­telle entre le LadHyX et Mum­bai a débu­té en 2010 pour deux ans. Des col­la­bo­ra­tions ont aus­si débou­ché avec le Dépar­te­ment de génie aéro­spa­tial de l’IIT Chen­nai sur des échanges de doc­to­rants finan­cés par la DRE.

» Lors d’un second voyage avec la DRE et le labo­ra­toire de Phy­sique des inter­faces et couches minces (PICM) fin 2008, nous avons éta­bli et ren­for­cé nos col­la­bo­ra­tions indiv­duelles en méca­nique des fluides et en physique. »

Outre les col­la­bo­ra­tions indi­vi­duelles avec des cher­cheurs indiens, Peter Schmid a ensei­gné avec Patrick Huerre, éga­le­ment cher­cheur au LadHyX et ancien direc­teur du labo­ra­toire, un cours inten­sif de deux semaines sur les insta­bi­li­tés et le contrôle des écou­le­ments. Patrick Huerre a aus­si don­né une confé­rence invi­tée à l’IIS de Ban­ga­lore dans le cadre du 100e anni­ver­saire de l’Institut. 

Mécanique des fluides

Le pro­gramme de mas­ter de méca­nique des fluides en deux ans com­prend une pre­mière année M1 qui cor­res­pond au pro­gramme d’ap­pro­fon­dis­se­ment en méca­nique de la 3e année du cycle ingé­nieur. Le M1 est essen­tiel­le­ment com­po­sé d’é­lèves poly­tech­ni­ciens mais aus­si de quelques élèves internationaux.

Obte­nir deux mas­ters en deux ans, l’un à l’É­cole poly­tech­nique, l’autre à Caltech

Le M2 s’ef­fec­tue en par­te­na­riat avec l’u­ni­ver­si­té Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) à Jus­sieu ; il est orien­té vers la recherche et il est dis­pen­sé entiè­re­ment en anglais afin d’at­ti­rer des étu­diants inter­na­tio­naux de grande qua­li­té. Le M2 béné­fi­cie d’un ensei­gne­ment à forte conno­ta­tion inter­na­tio­nale, les pro­fes­seurs étant des ensei­gnants-cher­cheurs de renom­mée mondiale.

Cette deuxième année est mar­quée par un stage de six mois dans les labo­ra­toires de l’É­cole poly­tech­nique (au LadHyX notam­ment) ou d’ins­ti­tu­tions par­te­naires (One­ra, uni­ver­si­tés étran­gères, etc.).

Ce mas­ter est acces­sible aux étu­diants ins­crits à l’É­cole poly­tech­nique ou à l’UPMC indis­tinc­te­ment. En 2009, par­mi la tren­taine d’é­tu­diants ins­crits, la moi­tié l’é­tait à l’É­cole poly­tech­nique (cinq poly­tech­ni­ciens et des étu­diants de Cam­bridge, de Ban­ga­lore, de Cal­tech et de l’ENS Cachan entre autres).

Ce mas­ter vise éga­le­ment à pro­fi­ter de la varié­té des ensei­gne­ments de M1 (3e année du cycle ingé­nieur) pour les inclure comme cours option­nels en M2, cela à condi­tion, bien évi­dem­ment, qu’un nombre suf­fi­sant d’entre eux soit don­né en anglais.

Des mathé­ma­tiques avan­cées « Au cours du pro­gramme mas­ter, mes craintes sur le fait que j’é­tais le seul étu­diant d’A­sie de l’Est au sein de ma classe se sont révé­lées infon­dées. J’ai ren­con­tré des étu­diants du monde entier. L’en­vi­ron­ne­ment anglo­phone m’a mis très à l’aise. Tous les pro­fes­seurs parlent très bien anglais. Le conte­nu des cours du pro­gramme mas­ter couvre de nom­breux domaines de la méca­nique des fluides, tels que la micro­flui­dique, les écou­le­ments tur­bu­lents, insta­bi­li­tés des écou­le­ments, etc. Les cours théo­riques m’ont appor­té une com­pré­hen­sion appro­fon­die basée sur des mathé­ma­tiques avan­cées. Mais après la fin de la période de cours, le stage m’a don­né l’op­por­tu­ni­té de faire de la recherche expé­ri­men­tale, si bien qu’à la fin du pro­gramme je connais­sais aus­si bien les théo­ries que les appli­ca­tions pra­tiques. Ce pro­gramme m’a appor­té, non seule­ment une solide for­ma­tion en méca­nique des fluides, mais aus­si une expé­rience mul­ti­cul­tu­relle extraordinaire. »
Jun­ho Park,
Korea Advan­ced Ins­ti­tute of Science and Tech­no­lo­gy (KAIST)

Aérospatial et aéronautique

Au sein de ce mas­ter de méca­nique, un pro­gramme de double mas­ter en ingé­nie­rie aéro­spa­tiale ou aéro­nau­tique et en méca­nique des fluides a été créé en par­te­na­riat avec Cal­tech (Cali­for­nia Ins­ti­tute of Tech­no­lo­gy). À l’ins­ti­ga­tion du pré­cé­dent pré­sident du Conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de l’É­cole poly­tech­nique, Yan­nick d’Es­ca­tha, et de Jean-Louis Cha­meau, pré­sident de Cal­tech, Patrick Huerre s’est char­gé de négo­cier cet accord en 2007. L’ob­jec­tif de ce pro­gramme est de per­mettre aux étu­diants du cycle ingé­nieur ou de Cal­tech d’ob­te­nir deux mas­ters, l’un en méca­nique des fluides à l’É­cole poly­tech­nique, l’autre en ingé­nie­rie aéro­spa­tiale ou en aéro­nau­tique à Cal­tech, à l’is­sue de deux années d’études.

Pour un élève poly­tech­ni­cien, la sco­la­ri­té se déroule en trois temps : une année de M1 confon­due avec la 3e année du cycle ingé­nieur, puis une année de M2 à Cal­tech, enfin un stage de plu­sieurs mois dans un labo­ra­toire de l’É­cole poly­tech­nique ou d’un éta­blis­se­ment de recherche agréé tel que l’O­ne­ra ou le CNES.

Ain­si pen­dant l’an­née sco­laire 2009- 2010, un élève poly­tech­ni­cien est par­ti à Cal­tech tan­dis que deux étu­diants de Cal­tech suivent le mas­ter de méca­nique des fluides ici. L’an­née pro­chaine, ce sont deux étu­diants poly­tech­ni­ciens qui par­ti­ront à Caltech.

« J’es­père arri­ver à terme à trois élèves en échange, mais les pro­mo­tions de Cal­tech sont petites, cela demande donc un peu de patience « , confie Patrick Huerre.

Le pro­gramme est finan­cé par le PUF (Part­ner Uni­ver­si­ty Fund), fonds pri­vé qui sou­tient les échanges fran­co-amé­ri­cains. Le PUF couvre ain­si les frais de sco­la­ri­té des étu­diants, sub­vient à leurs frais de vie et dis­pose d’une somme réser­vée aux échanges de pro­fes­seurs afin de coen­ca­drer des stages et des thèses.

Connais­sance et culture
« Le mas­ter recherche m’a appor­té les connais­sances théo­riques et les outils essen­tiels en méca­nique des fluides, m’a don­né un aper­çu de nom­breux domaines de recherche et m’a ain­si per­mis de m’o­rien­ter serei­ne­ment vers les études doc­to­rales me conve­nant le mieux. De plus, à tra­vers ce par­cours, j’ai pu ren­con­trer des étu­diants ita­liens, serbes, aus­tra­liens, coréens, etc. Ce fut un échange cultu­rel très enrichissant. »
Rémi Dan­gla,
X2005

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