« Comment écouter la voix des anges »

Dossier : XMP-Badge : l’innovation entre amisMagazine N°677 Septembre 2012
Par Jacques-Charles FLANDIN (59)

Coen­tre­pre­neur pro­vi­den­tiel, le busi­ness angel, selon la déno­mi­na­tion cou­rante ins­pi­rée de l’anglo-saxon, inves­tit une par­tie de son patri­moine dans une socié­té inno­vante, à laquelle il apporte aus­si ses com­pé­tences et ses conseils. Créé il y a huit ans, le groupe XMP-BA fait peau neuve. Il étend ses acti­vi­tés à de nom­breuses grandes écoles, sous le nom de XMP-Badge, tout en recen­trant les poly­tech­ni­ciens sur X‑Angels.

Le rôle de X‑Angels, groupe X agréé par l’AX, est la pro­mo­tion de l’entrepreneuriat par­mi les poly­tech­ni­ciens sous forme de deux flux. D’une part, un flux de pro­jets de jeunes poly­tech­ni­ciens, pro­ve­nant le plus sou­vent des labo­ra­toires de l’École ou des doc­to­rants. D’autre part, un flux « d’anges du busi­ness », anciens élèves dési­reux d’apporter leur aide aux créa­teurs tout en uti­li­sant intel­li­gem­ment leur contri­bu­tion au bud­get national.

Étendre au milieu naturel

L’idée s’étend faci­le­ment aux autres grandes écoles scien­ti­fiques, explique Jacques-Charles Flan­din. Qu’il s’agisse des entre­pre­neurs ou de ceux qui les aident, l’important est de se retrou­ver entre gens hon­nêtes et qui par­tagent une même culture, celle de la « taupe ».

Ils appar­tiennent à « l’écosystème » des grandes écoles scien­ti­fiques et tech­niques, selon la for­mule consa­crée pour dési­gner le milieu natu­rel. Ce serait plus dif­fi­cile avec des phar­ma­ciens ou des médecins.

Et les écoles de commerce ?

Leur orga­ni­sa­tion n’est pas aujourd’hui aus­si struc­tu­rée que la nôtre et nous sommes prêts à les accueillir. Ils peuvent nous appor­ter une vision com­plé­men­taire sur nos modes d’action.

Choi­sir son nom
Il n’est pas facile de chan­ger de nom lorsqu’on a déjà pignon sur rue. Le groupe XMP-BA (X‑Mines-Ponts Busi­ness Angels), déri­vé à l’origine de XMP-Entre­pre­neurs, est implan­té et connu depuis de nom­breuses années. L’extension à d’autres écoles implique à la fois d’élargir le patro­nyme et de pré­ser­ver l’identité de cha­cun. La voie choi­sie a été de créer un nom fédé­ra­teur par exten­sion du nom pré­cé­dent, tout en recen­trant cha­cun sur son école d’origine. Voi­ci donc XMP-Badge pour tous (GE signi­fiant grandes écoles) et X‑Angels pour les seuls poly­tech­ni­ciens, ain­si que Mines-BA, ou Ponts-BA (*), ou d’autres à venir.
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(*) Le nom offi­ciel est Ponts Alliance-BA.

Une histoire de portails

Le por­tail géné­ral des­ti­né aux anciens des grandes écoles, qu’il s’agisse des créa­teurs d’entreprise ou des « anges » des­ti­nés à les aider, s’appellera XMP-Badge. Il don­ne­ra accès à d’autres por­tails spé­cia­li­sés par école, dont X‑Angels. Natu­rel­le­ment, les poly­tech­ni­ciens pour­ront accé­der direc­te­ment à X‑Angels. Le rôle prin­ci­pal du por­tail com­mun est de pou­voir être plus faci­le­ment réfé­ren­cé par les moteurs de recherche, Google par exemple.

X‑Angels compte aujourd’hui 150 membres poly­tech­ni­ciens. XMP-BA, avec les anciens des Mines, de Cen­trale et de Supé­lec attei­gnait 175 membres. XMP­Badge devrait regrou­per envi­ron 400 membres à terme.

Le mon­tant de l’adhésion est de 200 euros. Diverses mani­fes­ta­tions, dont il est régu­liè­re­ment fait men­tion dans La Jaune et la Rouge, per­mettent sim­ple­ment de sus­ci­ter l’intérêt ou de pro­po­ser des pro­jets concrets à des spon­sors potentiels.

X‑Angels
Pré­sident : Jean-Michel Yolin (65)
XMP-Badge
Pré­sident : Jacques-Charles Flan­din (59)
677, che­min de la Désirée
78520 Saint-Martin-la-Garenne
Tél. : 06 23 43 72 29
France Angels
Fédé­ra­tion des réseaux de busi­ness angels, France Angels regroupe un peu plus de 80 réseaux, en majo­ri­té géo­gra­phiques, mais aus­si thé­ma­tiques ou cultu­rels (comme X‑Angels ou XMP-Badge).
Chaque année, en France, envi­ron 300 entre­prises sont aidées, avec un inves­tis­se­ment moyen de l’ordre de 160 000 euros par projet.
Jacques-Charles Flan­din (59), après quelques années pas­sées au Génie de Ver­sailles, rejoint Phi­lips, où il anime les études de mar­ke­ting de cir­cuits inté­grés et semi-conduc­teurs. Il repré­sente ensuite le groupe cana­dien Nor­tel, créant pour la cir­cons­tance ISC (Inter­na­tio­nal Semi­con­duc­tor Cor­po­ra­tion), en 1971, avec l’aide de son épouse, expé­ri­men­tée en admi­nis­tra­tion et finance.
Il revend en 2005 pour se consa­crer désor­mais aux « anges du busi­ness ». Jacques-Charles Flan­din est père de cinq enfants, tous créa­teurs de leur propre entre­prise, et grand-père de sept petits-enfants. Il est membre du Comi­té édi­to­rial de La Jaune et la Rouge.

Deux clientèles

Nous nous adres­sons à deux types de clien­tèle, explique encore Jacques-Charles Flandin.

D’un côté, les « vieux », inté­res­sés par des sujets tech­niques, bien intro­duits dans les milieux concer­nés, rela­ti­ve­ment for­tu­nés ou dis­po­sant d’un peu de temps et sen­sibles à l’idée d’un pas­sage de relais vers des jeunes de même culture et de même esprit.

De l’autre côté, les « jeunes » qui sou­haitent un accom­pa­gne­ment et des conseils plus larges que ceux que leur apporte leur envi­ron­ne­ment familial.

Des projets bien préparés

Avant d’être pro­po­sé aux anges poten­tiels, chaque pro­jet est sou­mis à un Comi­té de vali­da­tion qui décide de son carac­tère rece­vable. Il est alors sou­mis à un ele­va­tor-pitch, lit­té­ra­le­ment « gui­chet dans l’ascenseur » (idée qui exprime de façon ima­gée qu’il faut savoir convaincre un déci­deur, ren­con­tré de façon for­tuite dans un ascen­seur, pen­dant le bref temps de la ren­contre). Il est ensuite com­mu­ni­qué éven­tuel­le­ment à un « instructeur ».

Ce der­nier, qui n’est pas for­cé­ment lui-même un futur inves­tis­seur, décide ou non de pré­sen­ter le pro­jet aux adhé­rents sur le por­tail de l’Association.

Nous rece­vons actuel­le­ment 5 à 600 pro­jets par an, pré­cise Jacques- Charles Flan­din. Le Comi­té en valide à peu près la moi­tié. Les filtres sui­vants ramènent le nombre à une qua­ran­taine. En 2011, nous avons fina­le­ment sou­te­nu 28 projets.

Sou­vent, nous pro­cé­dons à des co-inves­tis­se­ments avec d’autres réseaux.

Faire bon usage de ses impôts
Diverses dis­po­si­tions fis­cales, pério­di­que­ment réajus­tées, per­mettent aux contri­buables assu­jet­tis à l’impôt sur la for­tune de déduire de cet impôt, ou de leur impôt sur le reve­nu, une par­tie des sommes qu’ils inves­tissent pour aider les petites et moyennes entre­prises. En sep­tembre 2012, on ne connaît pas encore les nou­velles dispositions.

Propos recueillis
par Jean-Marc Chabanas (58)

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