Chercheur au quotidien

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°693 Mars 2014Par : Sébastien BALIBAR (66)Rédacteur : Yves BRECHET (81)Editeur : Éditions du Seuil – 2014 - 25, bd Romain-Rolland 75014 Paris

Sébas­tien Bali­bar vient de nous offrir un petit ouvrage qui donne à goû­ter toute la saveur du métier de cher­cheur en phy­sique fondamentale.

Tous, en pas­sant à l’École, et cer­tains d’entre nous dans nos métiers dans l’industrie, nous avons pu sen­tir la puis­sance de la science du XXe siècle, l’enracinement des tech­no­lo­gies modernes dans la science la plus avancée.

Je tiens per­son­nel­le­ment pour évi­dente l’absolue néces­si­té, pour res­ter par­mi ceux qui vont construire l’avenir et qui ne se contentent pas d’espérer le vendre, que la science demeure la pièce maî­tresse de l’enseignement à l’X. Pré­tendre qu’il faut arrê­ter de faire de la science à l’X parce que l’on a appris à cal­cu­ler en taupe me semble aus­si intel­li­gent que de déci­der qu’on sait bien assez de musique une fois qu’on sait faire des gammes et que de pra­ti­quer les exer­cices de Charles-Louis Hanon dis­pense de jouer Beethoven.

Pour­tant, il ne s’agit pas dans ce livre de néces­si­té, mais de plai­sir. Sébas­tien Bali­bar nous donne à sen­tir la joie de « la manip », l’inquiétude au fré­mis­se­ment des pompes à vide, l’attention presque affec­tueuse por­tée au « fri­go », etc. Et ce qu’il dit sur sa quête pour com­prendre le com­por­te­ment de ce solide exo­tique qu’est l’hélium à très basse tem­pé­ra­ture résonne chez tout cher­cheur, que son objet soit de pure connais­sance ou de technologie.

Chez Sébas­tien, c’est de pas­ser du fer à sou­der à la per­plexi­té devant la plas­ti­ci­té géante de ses cris­taux, c’est de confron­ter l’expérience méti­cu­leuse aux inter­pré­ta­tions théo­riques, c’est de dis­cu­ter encore et tou­jours en petit comi­té de ce qui reste incom­pris, para­doxal, surprenant…

Chez d’autres ce sera les très grands pro­jets où des équipes de cen­taines de per­sonnes traquent les briques élé­men­taires de l’univers. Chez d’autres encore, ce sera le ver­rou tech­no­lo­gique à faire sau­ter, etc.

Dans sa réflexion sur la science, Sébas­tien n’en exclut aucune forme pour­vu que la ratio­na­li­té scien­ti­fique, la remise en cause constante et construc­tive qui va avec soient au centre de la démarche. C’est cette jubi­la­tion de par­ti­ci­per à la patiente construc­tion du savoir que tous les cher­cheurs recon­naî­tront dans ce petit livre.

lors, que vous soyez cher­cheur, ou que vous n’ayez plus qu’un vague sou­ve­nir de vos études scien­ti­fiques, lisez ce livre : ce n’est jamais sans pro­fit qu’on prend le temps d’écouter une pas­sion intelligente.

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