Chasseurs alpins

Brefs témoignages d’anciens en activité

Dossier : La politique militaireMagazine N°570 Décembre 2001Par : Colonel Serge Caillet (75), Lieutenant-colonel Alexandre Dupuy (86), Capitaine Genest Cartier (92), Capitaine de frégate Antoine Devaux (82), Arnaud Vandame (89), ingénieur de l’armement

Dans la gendarmerie

Dans la gendarmerie

Avant d’in­té­grer l’X, je ne connais­sais pas par­ti­cu­liè­re­ment le milieu mili­taire, n’y ayant notam­ment aucune famille, de près ou de loin. J’ai décou­vert l’Ar­mée au cours du ser­vice natio­nal, effec­tué dans la cava­le­rie, puis à Pau, dans le cadre du club de para­chu­tisme de l’É­cole. Ayant remar­qué que j’y étais à l’aise, j’ai choi­si la gen­dar­me­rie, que je ne connais­sais pas davan­tage, après en avoir briè­ve­ment par­lé avec l’of­fi­cier de gen­dar­me­rie de l’École,

C’é­tait donc en fait pour moi un véri­table saut dans l’in­con­nu. Ayant choi­si de com­man­der sur le ter­rain, je n’ai pas été déçu. Lieu­te­nant, com­man­dant de pelo­ton à l’es­ca­dron de gen­dar­me­rie mobile de Chartres, j’ai eu ensuite la chance de com­man­der comme capi­taine un autre esca­dron de gen­dar­me­rie mobile, à Ver­sailles-Sato­ry. On m’a ensuite confié le com­man­de­ment de la com­pa­gnie de gen­dar­me­rie d’An­gers, qui ne me laisse que d’ex­cel­lents sou­ve­nirs. Puis ma for­ma­tion scien­ti­fique m’a rat­tra­pé, et on m’a deman­dé en 1987 de créer le labo­ra­toire de police scien­ti­fique de la gen­dar­me­rie. J’en assure encore la direc­tion, non sans avoir entre-temps com­man­dé le grou­pe­ment de gen­dar­me­rie dépar­te­men­tale de Cha­rente-Mari­time (La Rochelle) de 1993 à 1996. Mis­sion pas­sion­nante que de diri­ger ce labo­ra­toire, dont la créa­tion a été dif­fi­cile, mais qui m’ap­porte main­te­nant beau­coup de satisfaction.

J’ai été long­temps seul X dans la gen­dar­me­rie, plon­gé dans un milieu où régnait tra­di­tion­nel­le­ment la licence en droit et où les scien­ti­fiques étaient quelque peu mar­gi­na­li­sés, il m’a été deman­dé de faire mes preuves. Un suc­ces­seur n’est arri­vé que dix ans après. Depuis cinq ans, un X choi­sit la gen­dar­me­rie chaque année, ce dont je me réjouis.

Le métier d’of­fi­cier de gen­dar­me­rie est pas­sion­nant et varié, essen­tiel­le­ment tour­né vers le contact humain, interne à l’arme et externe, envers les diverses auto­ri­tés et le public. Il néces­site bon sens, prag­ma­tisme, esprit de déci­sion, mais aus­si une grande dis­po­ni­bi­li­té. Selon ses aspi­ra­tions, on peut y effec­tuer dif­fé­rents métiers. Je ne pour­rais que le recom­man­der à de jeunes cama­rades qui auraient le sens du ser­vice public, un cer­tain goût pour l’u­ni­forme bien enten­du, et le sou­hait de ser­vir dans une ins­ti­tu­tion assez tra­di­tion­nelle au sein de laquelle on dis­pose, cepen­dant, d’une très grande liber­té d’action. 

Colo­nel Serge Caillet (75)
 

Dans l’armée de l’air,

Cet article a pour objet de décrire ma car­rière mili­taire au sein de l’ar­mée de l’air, et n’a aucu­ne­ment voca­tion à com­men­ter ou prendre posi­tion sur celle-ci. Il va de soi que la richesse de mes expé­riences en son sein ne signi­fie pas qu’elle consti­tue un monde dénué de tout défaut, ce qui serait assez sur­pre­nant pour une struc­ture de plus de 70 000 hommes et femmes, en constante évolution.

Il m’est dif­fi­cile d’é­vo­quer ma car­rière mili­taire sans pré­ci­ser au préa­lable ce qui m’a conduit à entrer dans le corps des offi­ciers de l’air. Outre une pas­sion pour le milieu aéro­nau­tique, deux fac­teurs sont à l’o­ri­gine de mon choix. D’une part, la pre­mière année de for­ma­tion, effec­tuée au sein de l’es­ca­dron EC 47 » Limou­sin » (alors équi­pé de Jaguar et sta­tion­né sur la base aérienne d’Istres), a été l’oc­ca­sion de décou­vrir la vie en esca­dron de com­bat ain­si que le vol à réac­tion. D’autre part, l’ex­tra­or­di­naire diver­si­té des ensei­gne­ments dis­pen­sés à l’X fut géné­ra­trice d’une cer­taine hési­ta­tion quant à la voie à choi­sir, ce qui m’in­ci­ta à faire le choix de la passion.

En sep­tembre 1989, j’ai rejoint l’É­cole de l’air pour y suivre la for­ma­tion ini­tiale en vol, sur Fou­ga Magis­ter, avec les élèves de troi­sième année. Puis j’ai rejoint l’É­cole de chasse, à Tours, où j’ai obte­nu mon bre­vet de pilote en octobre 1990, avant de pour­suivre ma for­ma­tion sur Alpha-jet et de rece­voir, en mars 1991, ma pre­mière affec­ta­tion à l’EC 3/3 » Ardennes « , basé à Nan­cy-Ochey et équi­pé de Mirage III E. C’est dans cet esca­dron que j’ai acquis mes dif­fé­rentes qua­li­fi­ca­tions, sur Mirage III E puis sur Mirage 2000 D, pilo­tant ain­si suc­ces­si­ve­ment le plus vieil avion en ser­vice et le plus récent.

Des cinq années pas­sées au 3/3, je retiens sur­tout trois points :

  • la force, la gran­deur et l’ex­tra­or­di­naire richesse des rela­tions humaines au sein d’une uni­té de combat,
  • la rigueur et l’en­traî­ne­ment néces­saires pour réa­li­ser les mis­sions opé­ra­tion­nelles (dans les Bal­kans en ce qui me concerne),
  • l’exal­ta­tion pro­cu­rée par l’u­ti­li­sa­tion débri­dée de la troi­sième dimen­sion (en par­ti­cu­lier lors des pré­sen­ta­tions en vol que j’ai eu la chance d’ef­fec­tuer sur Mirage III E en 1993).


Après ces années d’en­ga­ge­ment humain et opé­ra­tion­nel, j’ai choi­si de rejoindre l’é­quipe de marque Mirage 2000 D, petite struc­ture située à Mont-de-Mar­san et des­ti­née à conseiller l’é­tat-major dans la conduite des pro­grammes d’ar­me­ment, en jouant un rôle d’in­ter­face avec les indus­triels et la DGA. C’est donc avec une double cas­quette de conseiller de l’é­tat-major pari­sien et d’ex­pert mili­taire auprès de l’in­dus­triel que j’ai par­ti­ci­pé au déve­lop­pe­ment du nou­veau stan­dard R2 de l’a­vion. J’ai pu y retrou­ver une approche tech­nique d’un pro­blème (ce que le rythme de la vie en esca­dron ne per­met pas), com­bi­née à une prise en compte des contin­gences opé­ra­tion­nelles, au sein de groupes de tra­vail armée de l’air-DGA-indus­triels aux inté­rêts par­fois (sou­vent ?) diver­gents, mais tenus par une obli­ga­tion de résultat.

Ce fut une expé­rience extra­or­di­naire en tout point, qui s’est ache­vée par les » crash pro­grammes » déclen­chés peu avant la cam­pagne aérienne au Koso­vo. Plu­sieurs d’entre eux concer­naient le Mirage 2000 D, et nous avons réa­li­sé en un temps record des amé­lio­ra­tions impor­tantes, grâce bien évi­dem­ment aux efforts déployés par l’in­dus­triel, mais aus­si en par­tie grâce à la confiance accu­mu­lée au fil des réunions entre les dif­fé­rents intervenants.

Il m’a été dif­fi­cile après une telle expé­rience de reprendre le che­min de l’é­cole, pour une année au Col­lège inter­ar­mées de Défense, mais il s’a­git d’un point de pas­sage impo­sé dans l’ar­mée de l’air pour un retour dans les » forces « , avant de bas­cu­ler ensuite vers une car­rière en état-major central.

La tran­si­tion fut bru­tale, entre l’en­thou­siasme né de l’in­ten­si­té des tra­vaux de déve­lop­pe­ment de pro­gramme, réa­li­sés sou­vent dans l’ur­gence mais où la prise en compte du détail est presque obli­ga­toire, et le recul néces­saire aux tra­vaux de pla­ni­fi­ca­tion en état-major.

À la sor­tie du CID, j’ai rejoint l’Es­ca­dron de recon­nais­sance 133 » Bel­fort « , en tant que com­man­dant en second, équi­pé de Mirage FI CR, c’est une uni­té d’en­vi­ron 220 per­sonnes, à la tête de laquelle j’a­chè­ve­rai en 2003 mon cur­sus de pilote de chasse » actif » avant d’en­ta­mer une seconde carrière.

Si mes ori­gines poly­tech­ni­ciennes ont par­fois consti­tué un avan­tage (notam­ment en inci­tant mes supé­rieurs à me don­ner un droit de parole assez large), elles ont jus­qu’à pré­sent eu pour prin­ci­pal corol­laire l’ab­sence de pro­mo­tion (de l’É­cole de l’air) de réfé­rence, par rap­port à laquelle s’é­ta­blit néan­moins l’es­sen­tiel des plans de car­rière, et sur­tout un séjour en uni­té opé­ra­tion­nelle écour­té de deux ans, afin de » gom­mer » mon avance de deux ans dans le grade entre la sor­tie de l’X et l’en­trée au CID. Bien évi­dem­ment, ces ori­gines font éga­le­ment de moi un cor­res­pon­dant pri­vi­lé­gié pour les élèves qui effec­tuent leur pre­mière année sur la base aérienne où je suis affec­té : une façon d’en­tre­te­nir le lien avec l’É­cole, mais aus­si de réa­li­ser com­bien les années passent vite.

Lieu­te­nant-colo­nel Alexandre Dupuy (86)
 

Dans l’armée de terre,

Com­ment peut-on être X dans l’ar­mée ? Cette ques­tion est celle que posent rituel­le­ment ceux qui, civils ou mili­taires, découvrent que leur inter­lo­cu­teur est à la fois X et mili­taire dans l’ar­mée de terre, chas­seur alpin en ce qui me concerne. Les inter­ro­ga­tions sous-jacentes portent en fait sur les inté­rêts res­pec­tifs de l’in­di­vi­du et de l’ins­ti­tu­tion, ce qu’on gagne à choi­sir le métier des armes après l’X et ce que l’ar­mée y trouve. Au-delà de ces ques­tions d’in­té­rêt, l’in­com­pré­hen­sion pro­vient sur­tout de la mécon­nais­sance de l’ar­mée de terre, dans sa richesse humaine et sa moder­ni­té technologique.

Être mili­taire est d’a­bord une expé­rience humaine extrê­me­ment enri­chis­sante : quand, sur le ter­rain ou en opé­ra­tions, on com­bat, tra­vaille, vit, dort avec ses subor­don­nés, il se forge for­cé­ment des liens sans aucune mesure avec ceux qui peuvent être créés avec de simples col­lègues de tra­vail. Il n’est pas pos­sible de tri­cher, et la vraie nature de cha­cun est mise à jour. La remise en ques­tion est per­ma­nente, soit par les chan­ge­ments régu­liers de fonc­tion, soit par les contraintes dues à la mis­sion. L’en­ri­chis­se­ment n’est certes pas finan­cier, puis­qu’à res­pon­sa­bi­li­tés égales une solde est dif­fi­ci­le­ment com­pa­rable à un salaire dans le privé.

À titre infor­ma­tif, en tant que capi­taine res­pon­sable d’une grosse cen­taine de subor­don­nés, ma solde brute est d’en­vi­ron 15 000 F, certes suf­fi­sants pour vivre confor­ta­ble­ment. En opé­ra­tions exté­rieures, l’in­dem­ni­té de sujé­tion pour séjour à l’é­tran­ger (1,5 fois la solde) se rajoute à la solde de base : on est encore loin d’un salaire d’ex­pa­trié, avec des contraintes opé­ra­tion­nelles et fami­liales très fortes (quatre mois d’ab­sence sans retour ou per­mis­sion). On ne s’en­gage pas pour faire for­tune, c’est bien connu. L’in­té­rêt prin­ci­pal, en fait, qu’à mon avis on trouve dif­fi­ci­le­ment dans d’autres métiers, vient de la res­pon­sa­bi­li­té totale qu’un chef a de ses subor­don­nés : ceux-ci lui confient leur vie, de la même manière que la sienne est dans les mains de ses propres chefs.

Dans ces cir­cons­tances, où l’er­reur peut être fatale, la confiance doit être totale et réci­proque : si un chef ne croit pas en ses hommes, et si ceux-ci se défient de lui son action est vouée à l’é­chec. L’i­déal et la foi en son métier tiennent ain­si une place majeure, inti­me­ment liée à la notion de ser­vice : comme tout mili­taire, un offi­cier sert la France, et est au ser­vice de ses subor­don­nés et de ses supérieurs.

Qu’ap­porte un X à l’armée ?

» Ne vous enga­gez pas si vous ne comp­tez pas deve­nir géné­ral » disait le géné­ral Mares­caux aux fanas milis de la pro­mo­tion 92, pro­mo­tion extra­or­di­naire qui vit six des siens rejoindre l’ar­mée de terre, en plus d’un gen­darme, d’un avia­teur et d’un méde­cin des armées. Comme ça ne m’est encore jamais arri­vé d’être géné­ral, sauf sur ordi­na­teur, j’au­rais du mal à com­men­ter cette affir­ma­tion. Elle reflète pour­tant l’in­té­rêt qu’a l’ins­ti­tu­tion d’ex­ploi­ter le poten­tiel intel­lec­tuel, scien­ti­fique ou tech­nique que peut repré­sen­ter un X dans ces postes de responsabilité.

Pour­tant, il faut du temps pour faire un géné­ral, et la bonne ving­taine d’an­nées néces­saire est riche d’en­sei­gne­ments. Tout d’a­bord, les postes d’of­fi­cier subal­terne (lieu­te­nant, capi­taine) per­mettent d’ac­qué­rir de l’ex­pé­rience, de s’im­pré­gner de l’es­prit de la mai­son. C’est le creu­set, où les facul­tés d’or­ga­ni­sa­tion et de meneur d’hommes (et de femmes) sont mises à l’é­preuve. Là, un X peut appor­ter un regard neuf.

À l’is­sue du temps de com­man­dant d’u­ni­té élé­men­taire (je m’a­ven­ture là sur un sujet que je ne connais pas), le tra­vail d’of­fi­cier supé­rieur, for­mé et vali­dé par le concours de l’en­sei­gne­ment mili­taire du deuxième degré, alterne postes en état-major et en corps de troupe, et devient plus conceptuel.

En clair, on n’a pas besoin d’X pour être lieu­te­nant ou capi­taine, ne serait-ce que parce que leur nombre est mar­gi­nal ; en revanche, il s’a­git d’un inves­tis­se­ment à long terme pour hono­rer ces postes d’of­fi­cier supé­rieur et d’of­fi­cier géné­ral. Et ce n’est pas tou­jours facile d’a­voir une éti­quette » d’in­ves­tis­se­ment à long terme « , d’être consi­dé­ré comme le météore qu’at­tendent de hautes res­pon­sa­bi­li­tés, quand on a vingt-cinq ans et qu’on se pas­sionne pour le com­man­de­ment de ses hommes… Chaque chose en son temps !

Si la ques­tion » Que fait un X dans l’ar­mée ? » se pose, c’est sur­tout parce que le métier d’of­fi­cier est mal connu : on sait rare­ment la richesse et la diver­si­té des postes offerts, qu’ils soient de com­man­de­ment, de concep­tion ou de maî­trise tech­nique ; on ignore sou­vent les capa­ci­tés tech­no­lo­giques que pos­sèdent les armées, même si les maté­riels modernes annon­cés arrivent tou­jours trop len­te­ment au gré de ceux qui les servent ; et on a peine à ima­gi­ner la foi que peut et doit avoir un mili­taire pour s’a­dap­ter en per­ma­nence, en échange d’une recon­nais­sance illu­soire. C’est là l’é­cho de la devise de l’É­cole, » Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire ! »

Capi­taine Genest Car­tier (92)
 

Dans la marine,

Trois février 2001, quinze heures. Les vagues masquent l’ho­ri­zon régu­liè­re­ment, le vent souffle à 70 nœuds. Je reste à la pas­se­relle de mon avi­so. Encore quatre heures avant d’être abri­tés par la côte. » Rédui­sez à 8 nœuds ! « . » Bien com­man­dant ! « . » Les deux moteurs AV 080. » Bien­tôt seize ans dans la marine.

Des sou­ve­nirs remontent. L’é­té der­nier, à Dji­bou­ti, quand j’ai fait appro­vi­sion­ner les armes et rap­pe­ler au poste de com­bat, pour chas­ser les pirates, ou les heures inter­mi­nables de patrouille par 50 °C, à veiller sur la sûre­té du port. Un bon équi­page que le mien.

Il y a deux ans, avec le Georges Leygues à Tarente comme com­man­dant en second. Cinq semaines d’en­traî­ne­ment à la manœuvre et au com­bat. L’ex­pé­rience est à la base de notre métier.

Il y a cinq ans à l’E­MIA, quand j’ai par­ti­ci­pé à la pla­ni­fi­ca­tion pour notre inter­ven­tion en Bos­nie. Des moments par­fois dif­fi­ciles, mais com­bien instructifs !

Les cours à l’É­cole ato­mique, il y a huit ans. C’é­tait bien, la neu­tro­nique ; pour mes études sur le nou­veau sonar ins­tal­lé sur sous-marin, j’é­tais aus­si comme un pois­son dans l’eau.

Il y a neuf ans sur le Saphir. Neuf semaines d’o­pé­ra­tions : sur­veillance, chasse, exercices…

Il y a qua­torze ans, enfin, sur mon patrouilleur, quand nous avons pris un pauvre plai­san­cier anglais en remorque après une nuit bien courte.

Un batiment de la Marine

La mer semble dimi­nuer. » Mon­tez à 10 nœuds ! On va voir si ça passe. » » Bien, com­man­dant, les deux moteurs AV 100 ! »

Capi­taine de fré­gate Antoine Devaux (82)
 

À la DGA,

Le corps de l’ar­me­ment est pro­ba­ble­ment le corps pro­po­sé à la sor­tie de IX ayant la voca­tion tech­nique la plus affir­mée. C’est ain­si qu’à l’is­sue de ma for­ma­tion com­plé­men­taire à l’ENS­TA, j’ai ral­lié en 1994 la dou­ceur ange­vine et l’é­ta­blis­se­ment tech­nique d’An­gers, spé­cia­li­sé dans les sys­tèmes d’armes ter­restres. Dans un pre­mier temps, j’ai tra­vaillé dans le domaine de la robo­tique mobile, pour déve­lop­per des méthodes et moyens d’es­sais, et assu­rer le sou­tien scien­ti­fique et tech­nique des équipes d’es­sais. Le champ de mon acti­vi­té s’est ensuite élar­gi à la vétro­nique – l’élec­tro­nique embar­quée dans les véhi­cules – dans le cadre d’un dépar­te­ment dont j’é­tais responsable.

Au cours de ce pre­mier poste, j’ai éga­le­ment eu l’op­por­tu­ni­té de pas­ser huit mois aux États-Unis, dans deux centres de la US Army impli­qués dans les mêmes domaines tech­niques. Outre le béné­fice indé­niable sur le plan lin­guis­tique, ce type d’ex­pé­rience inter­na­tio­nale in situ reste sans égal pour com­prendre les enjeux et dif­fi­cul­tés des actions en coopération.

Fort de cette expé­rience tech­nique très for­ma­trice, j’ai natu­rel­le­ment vou­lu me rap­pro­cher ensuite de la conduite de pro­grammes d’ar­me­ment, qui consti­tue le cœur du métier de la DGA. C’est pour­quoi j’ai rejoint fin 1998 le ser­vice des pro­grammes d’ob­ser­va­tion, de télé­com­mu­ni­ca­tion et d’in­for­ma­tion, en deve­nant rapi­de­ment res­pon­sable d’un pro­jet de mes­sa­ge­rie sécu­ri­sée, d’en­vi­ron un mil­liard de francs (150 MC faut-il dire main­te­nant…). Ce pro­jet contri­bue direc­te­ment à la réno­va­tion des archi­tec­tures de télé­com­mu­ni­ca­tion du minis­tère de la Défense, en inté­grant les nou­velles tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion tout en assu­rant le niveau régle­men­tai­re­ment éle­vé de la sécu­ri­té de l’information.

Avec une maî­trise d’œuvre consti­tuée d’EADS et THALES, ce pro­jet est tou­ché de près par les restruc­tu­ra­tions de l’in­dus­trie de l’ar­me­ment. Il l’est éga­le­ment par les divers choix poli­tiques qui ont mar­qué l’é­vo­lu­tion du monde de la défense : pro­fes­sion­na­li­sa­tion des armées, dimen­sion euro­péenne crois­sante, objec­tif pour la France d’être nation cadre, etc. Autant de chal­lenges que les ingé­nieurs de l’ar­me­ment doivent désor­mais rele­ver dans la conduite des pro­grammes, au tra­vers de leurs déci­sions quotidiennes.

Depuis quelques mois, je suis éga­le­ment l’un des huit direc­teurs d’o­pé­ra­tion du ser­vice, en charge des ser­vices de com­mu­ni­ca­tion et de sécu­ri­té des sys­tèmes d’in­for­ma­tion. Cette fonc­tion extrê­me­ment moti­vante que j’exerce à 32 ans met en évi­dence l’un des atouts du corps de l’ar­me­ment, qui confie assez rapi­de­ment aux jeunes ingé­nieurs de l’ar­me­ment d’im­por­tantes responsabilités.

Arnaud Van­dame (89), ingé­nieur de l’armement

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