Appelez-moi toujours France

Dossier : ExpressionsMagazine N°671 Janvier 2012Par : Jean-Marc CHABANAS (58)

Clô­tu­rée par Fran­çois Baroin, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, la récente ren­contre ENA-X-HEC, titrée « La marque France », explo­rait les atouts des acteurs publics et des entre­prises. Nous en extra­yons quelques réflexions signi­fi­ca­tives qui témoignent de la vita­li­té de l’image de nos produits.

Le hia­tus
« On nous aide, on nous contrôle, on nous redresse en démon­trant que nous n’avions pas le droit d’être aidé. Le hia­tus est énorme entre le dis­cours poli­tique et l’exécution par l’administration. » « Ne pour­rait-on, au moins, intro­duire le concept de pré­somp­tion d’innocence fiscale ? »

Le hia­tus
« On nous aide, on nous contrôle, on nous redresse en démon­trant que nous n’avions pas le droit d’être aidé. Le hia­tus est énorme entre le dis­cours poli­tique et l’exécution par l’administration. » « Ne pour­rait-on, au moins, intro­duire le concept de pré­somp­tion d’innocence fiscale ? »

Jean-Her­vé Loren­zi, pré­sident du Cercle des éco­no­mistes, est un opti­miste. La France reste la cin­quième puis­sance éco­no­mique mon­diale. La « marque France », qu’il pré­fère au « made in France », affirme la fidé­li­té à cer­taines valeurs. Elle est méri­tée et effi­cace, notam­ment pour le tou­risme et l’attractivité.

Des atouts éducatifs

For­ma­tion et recherche sont les pre­miers atouts de l’économie fran­çaise, affirment Marion Guillou, pré­si­dente de l’INRA et de l’École poly­tech­nique et Cédric Vil­la­ni, direc­teur de l’Institut Hen­ri-Poin­ca­ré, médaille Fields l’an der­nier. Avec son humour habi­tuel, celui-ci pour­fend les fameux « clas­se­ments », addi­tion de canards, de carottes et de pou­lets, d’où l’on sort une note unique qui n’a pas la moindre signi­fi­ca­tion. Le clas­se­ment de Shan­ghai est incon­nu en Chine ; on n’en parle qu’en France, là où il est tota­le­ment inadapté.

Former à l’esprit français

David-Alexandre Gros, « chief exe­cu­tive offi­cer » de Sano­fi, estime que nos avan­tages sont d’ordre géo­gra­phique et cultu­rel. Mal­gré la mon­dia­li­sa­tion, les pro­duits les plus com­pli­qués res­tent tou­jours fabri­qués en France.

La marque France : luxe, qua­li­té, inno­va­tion, rêve

Phi­lippe Fores­tier, direc­teur géné­ral adjoint de Das­sault Sys­tèmes, vante le contexte fami­lial d’une entre­prise qui ne peut être ache­tée. Il regrette le manque d’ingénieurs, pro­blème posé à l’échelle mondiale.

Van Phuc Lê, vice-pré­sident de l’Apave, témoigne du déve­lop­pe­ment de son entre­prise au Viêt­nam. En Chine ou en Afrique : « On nous pré­fère à valeur égale parce que nous sommes fran­çais… ou parce que nos experts ont l’esprit français. »

Des aides et des freins

Diaa Elyaa­cou­bi, pré­si­dente de Stream­core, appré­cie les mul­tiples aides publiques (cré­dit impôt-recherche, pôles de com­pé­ti­ti­vi­té, grand emprunt), mais regrette l’absence de poli­tique d’accompagnement à l’étranger.

Dan Ser­fa­ty, cofon­da­teur de Via­deo, constate que l’État donne d’une main et reprend de l’autre par le biais du contrôle fis­cal, méthode confir­mée par de nom­breux audi­teurs, ce qui est une façon très médiocre d’encourager les entreprises.

Jean-Luc Ansel, direc­teur du pôle de com­pé­ti­ti­vi­té Cos­me­tic Val­ley, insiste sur les valeurs qui font la marque France : luxe, qua­li­té, French touch, inno­va­tion, rêve.

La France copiée
Jérôme Four­nel, direc­teur géné­ral des Douanes, rap­pelle quelques chiffres sur le poids des contre­fa­çons. Elles repré­sentent, selon les esti­ma­tions, entre 2 et 10% du com­merce mon­dial, 7 mil­lions d’articles sai­sis en 2011, 40 000 emplois per­dus chaque année en France. Le luxe n’est pas le seul visé. 70 % des « vins fran­çais » ven­dus en Chine sont des contre­fa­çons. Les médi­ca­ments contre­faits sont poten­tiel­le­ment très dan­ge­reux. Fran­çoise Mon­te­rey, pré­si­dente du Comi­té Col­bert, attire l’attention sur le phé­no­mène inquié­tant d’Internet, aggra­vé par la com­pli­ci­té des banques qui faci­litent les moyens de paie­ment en ligne pour l’acquisition d’articles de toute évi­dence contrefaits.

La France et les Français

Le célèbre chef Alain Ducasse, repré­sen­té par son direc­teur-géné­ral Laurent Plan­tier, inter­vient par vidéo inter­po­sée. On ne sait pas assez se mettre en valeur, dit-il. Il sou­ligne au pas­sage le contraste entre l’image excel­lente de la France et celle plus contro­ver­sée des Fran­çais. Mer­cedes Erra, direc­trice géné­rale de Havas, pense qu’il faut valo­ri­ser à l’école la notion de ser­vice, qui n’est pas dégra­dante. Pour elle, l’arrogance fran­çaise tra­duit en fait une inca­pa­ci­té à vendre.

La video de l’in­té­gra­li­té du col­loque est dis­po­nible dans nos pages Annonces. Un décou­page en cha­pitres per­met d’ac­cé­der direc­te­ment à chaque intervention.

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