Accastillons, il en restera toujours quelque chose

Dossier : La passion de la merMagazine N°646 Juin 2009
Par Gil MERCIER (65)

Cer­tains cherchent le bon­heur, ou peut-être la sagesse, dans le mar­xisme-léni­nisme, les drogues dures, le yoga tan­trique, ou tout sim­ple­ment le sexe.

Nous autres marins avons d’autres moyens de satis­faire nos plus hautes exi­gences : nous avons USHIP, Accas­tillage Dif­fu­sion, et pour les plus auda­cieux, Gold­berg Marine aux États-Unis.

Comme c’est ven­du pour la plai­sance, on a tri­plé le prix

Ils ont tous des sites sur le Net et en plus, croyez-moi s’il vous plaît, ces sites sont légaux. Ce que vous pour­rez y télé­char­ger ne plai­ra peut-être pas à vos femmes, mais ça ne vous enver­ra pas en prison.

Et là, nous pour­rons, sous la seule condi­tion de la pos­ses­sion d’une vul­gaire carte de plas­tique, ache­ter ces bidules fabu­leux qui vont faire de nous des marins confor­tables, com­pé­tents, hau­tu­riers, et enfin débar­ras­sés de la peur.

Se protéger dans un milieu peu sûr

Un X plaisancier
Gil Mer­cier a navi­gué sur tous les océans du globe avec une pré­fé­rence pour la Bre­tagne, la Cor­nouaille, l’Irlande et l’Espagne, qu’il écume à par­tir de sa base de l’île aux Moines, Mor­bi­han, à bord de son RM900 Zest of Ize­nah. Il a eu récem­ment des démê­lés en pleine nuit avec un conte­neur en mer d’Iroise, et s’est à cette occa­sion féli­ci­té d’avoir la pompe SHUR­flo 1500 GPH à poste.

Êtes-vous ter­ro­ri­sés par l’i­dée qu’un car­go mal­tais sans le moindre feu, armé par un Grec et com­man­dé par un Indo­né­sien qui a ache­té son bre­vet de capi­taine vous per­cute au milieu de la nuit entre les îles Ton­ga et Tahiti ?

Le Sci-Tex T170 3 kW 24 mile radar à haute réso­lu­tion de chez Ray­theon est là, et il veille. Sur­tout quand tout l’é­qui­page est occu­pé à autre chose. Non. Je ne don­ne­rai pas de détails. Ce radar est la réponse aux rêves de sécu­ri­té en mer de tous les navi­ga­teurs, nous dit Ray­theon (et c’est pas des rigo­los). Vous ache­tez ce truc-là, et RIEN ne peut vous arri­ver. Évi­dem­ment, il demande une puis­sance de 3 kW, ce qui va exi­ger un géné­ra­teur, dont nous par­le­rons tout à l’heure.

Le générateur se doit d’être vert

Mais si vous deviez ren­con­trer du vrai mau­vais temps, du genre qui mouille le pont, alors il vous fau­dra rem­pla­cer votre Sci-Tex T170, à pré­sent obso­lète, par un Water­proof Ray­theon R20XX 4 kW, qui, comme son nom l’in­dique, est, lui, à l’é­preuve de l’eau.

Com­ment n’a­viez-vous pas vu ça venir, imbé­cile ? Bon. Le géné­ra­teur : il se doit d’être vert. C’est un Duo­gen, réfé­rence : 17 741 Sys­tème hybride hydro­gé­né­ra­teur-éolienne solide et mari­ni­sé. Mon­tage facile, conver­sion rapide en quelques secondes et par bas­cu­le­ment. Per­for­mance hydro : 16A à 8 noeuds. Per­for­mance éolienne : 12A à 20 noeuds. Pro­tec­tion contre les sur­vents (sic), pales démon­tables pour le ran­ge­ment. 12 V. Livré com­plet . Et tout ça pour 3890 € TTC. Pour le modèle étanche, il y a un sup­plé­ment, on aime autant vous le dire tout de suite. Car » mari­ni­sé » vou­lait sim­ple­ment dire que, comme c’est ven­du pour la plai­sance, on a tri­plé le prix.

Pour ali­men­ter le radar (le modèle R20XX, celui qui résiste à l’eau, andouille !), ça va faire dans les 220 000 € d’éo­liennes. Pas ter­rible pour le look non plus. Je me sens déjà moins moti­vé pour sortir.

» Mayday » façon Shakespeare


Une image du bonheur ?
© Ber­nard Lebras

OK. On a quand même ins­tal­lé nos géné­ra­teurs sur un por­tique à trois étages, on a été aux Ton­ga (c’é­tait bien, mais pas moyen d’a­voir un steak frites décent, des sau­vages…) et on rentre à la mai­son par le cap Horn. Un endroit où de très grands marins ont eu à faire des appels de détresse. Gold­berg Marine a exac­te­ment ce qu’il vous faut : la radio Sha­kes­peare SE 2 500 MD avec micro MAYDAY, capable d’é­mettre un MAYDAY (en anglais, s’il vous plaît, pro­non­cez « médée ») sur la simple acti­va­tion d’un bou­ton rouge. Très com­mode si vous per­dez les pédales à chaque fois que votre bateau coule sous vos pieds, ou si vous refu­sez de par­ler anglais en toutes cir­cons­tances pour des rai­sons de prin­cipe. On est coco­ri­cain ou on l’est pas.

Pen­dant votre visite du cap Horn, vous vou­drez sûre­ment faire un détour par les canaux de Pata­go­nie et le détroit de Magel­lan. Il vous fau­dra mouiller, ce qui est facile, mais aus­si virer (remon­ter pour les ter­riens) de longs et lourds mouillages, ce qui l’est moins. Pas de sou­ci : nous avons un guin­deau élec­trique pour vous : le Cabes­tan Power­winch Model 825 qui auto­ma­ti­que­ment (oui ! auto­ma­ti­que­ment !) ali­mente chaîne et bosse de mouillage dans le puits à chaînes.

Plus jamais ne ver­rons-nous un homme obèse tour­nant fré­né­ti­que­ment la barre à roue d’un bateau immo­bile en train de hur­ler des insultes à sa femme parce qu’elle n’ar­rive pas à virer l’ancre assez vite ! Le Cabes­tan Power­winch Model 125 sauve non seule­ment les bateaux, mais aus­si les mariages. C’est ça, ou les avocats. 

Fonctionner à 15 mètres sous l’eau

Mais votre guin­deau tire quand même 34 ampères sous 12 V, ce qui n’est pas rien. Com­ment faire ? Mais oui ! Voi­ci les Bat­te­ries Nau­ti­lus Mega­cycle, qui peuvent conti­nuer à fonc­tion­ner sous 15 m d’eau, nous dit sans ambages Nau­ti­lus. Je me sens déjà mieux, main­te­nant que je sais que vous pou­vez remon­ter votre ancre même si votre bateau est déjà au fond.

Le mieux est peut-être de res­ter amar­ré à votre ponton

Pas vous ? Tout cela ne serait bien sûr pas arri­vé si vous aviez pris la pré­cau­tion d’a­che­ter la SHUR­flo High Volume Com­mer­cial-grade 1 500 GPH Bilge Pump autre­ment dit la pompe de cale pro­fes­sion­nelle SHUR­flo 1500 gal­lons US/heure avant de per­cu­ter en pleine nuit un conte­neur fri­go­ri­fique lâché en mer d’I­roise par ce même car­go mal­tais évi­té aupa­ra­vant aux Tua­mo­tu grâce au Ray­theon R20XX.

Car un conte­neur, ça fait des gros trous ! À bien y pen­ser, le mieux est peut-être de res­ter amar­ré à votre pon­ton comme les 95% des pro­prié­taires de bateaux à voiles qui sortent 4,7 fois par an, pour une expé­di­tion de 13,6 milles nau­tiques, dont la moi­tié au moteur, et l’autre avec soit la grand-voile éta­blie, soit le foc, mais jamais les deux à la fois. On ne sait jamais.

Gué­rir du mal de mer
La com­pa­gnie ZOOM pro­pose le Bra­ce­let anti-mal de mer Sea Band qui agit selon le prin­cipe de l’a­cu­pres­sing. Et ZOOM ajoute : « Aucun risque d’ef­fet secon­daire ou de som­no­lence. » Oui, aucun risque ! Et tout ça pour 12,90 euros TTC. Le prin­cipe de l’acu­pres­sing, connu aus­si chez nous sous le nom de « acu­pres­sing », res­tons fran­çais, est recon­nu par les Hautes Auto­ri­tés médi­cales et le minis­tère du Tra­vail et rem­bour­sé par la Sécu­ri­té sociale.

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