2002… 2006… 2011 Face au défi international, une évolution résolue pour affirmer sa place

Dossier : L'École polytechniqueMagazine N°622 Février 2007
Par Xavier MICHEL (72)

Cet exemple tra­duit bien les para­doxes qui carac­té­risent l’É­cole aujourd’­hui : elle béné­fi­cie d’une recon­nais­sance incon­tes­tée en France qui lui assure sans effort un recru­te­ment de qua­li­té, avec des élèves qui la choi­sissent d’ailleurs sans trop se pré­oc­cu­per par avance de ce qu’ils y feront ; ses anciens élèves sont appré­ciés pour leurs com­pé­tences, par les entre­prises comme par ses homo­logues inter­na­tio­naux ; ces der­niers hésitent même par­fois à lui envoyer des étu­diants au regard des exi­gences du cur­sus poly­tech­ni­cien. Elle est pour­tant peu connue par le public et les entre­prises hors de France, et les clas­se­ments inter­na­tio­naux la situent très inéga­le­ment ; « Grande » école fran­çaise, elle n’a pas la taille cri­tique quand il faut ali­gner des publi­ca­tions et des prix Nobel, ni la puis­sance finan­cière pour les recru­ter. Or, c’est autour de la capa­ci­té de recherche et du volume d’en­sei­gnants-cher­cheurs renom­més que se construit l’a­ve­nir des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur, la qua­li­té des étu­diants en étant un effet induit.

Ce manque de noto­rié­té inter­na­tio­nale semble avoir eu, somme toute, peu d’im­por­tance jus­qu’à ces der­nières années. Il fal­lait d’ailleurs sor­tir de l’Hexa­gone pour que notre fier­té en souffre. Mais le monde a chan­gé. C’est tout au long de car­rières inter­na­tio­nales que nos élèves auront besoin de la plus-value de leur diplôme. Pré­sentes par­tout dans le monde, les entre­prises demandent des étu­diants à la for­ma­tion inter­na­tio­nale. Fran­çais ou étran­gers, les étu­diants de qua­li­té conti­nue­ront-ils à venir s’ils savent qu’ils peuvent trou­ver ailleurs un sésame de meilleure visi­bi­li­té ? L’ex­cep­tion fran­çaise nous per­met­trait-elle d’é­chap­per au para­digme du trip­tyque ensei­gne­ment recherche inno­va­tion et de son apport au déve­lop­pe­ment économique ?

L’his­toire et la mis­sion de l’É­cole l’in­vitent bien au contraire, dans sa double mis­sion d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche, à :

• s’im­po­ser au niveau inter­na­tio­nal comme un éta­blis­se­ment de pre­mier plan, pour être un outil de rayon­ne­ment de l’ex­cel­lence scien­ti­fique française ;
 être un point d’ap­pui de la com­pé­ti­ti­vi­té fran­çaise dans l’é­co­no­mie mon­dia­li­sée du savoir.

Le défi est d’am­pleur, car nous savons aus­si que la com­pé­ti­tion inter­na­tio­nale sera de plus en plus bru­tale et exi­geante. L’É­cole ne manque pas d’a­touts pour le rele­ver : qua­li­té de ses étu­diants, de ses ensei­gnants et de ses cher­cheurs, mon­tée en puis­sance régu­lière de son centre de recherche depuis son démé­na­ge­ment à Palai­seau, répu­ta­tion, image et sou­tien de ses anciens élèves, capa­ci­té de son cam­pus, richesse de son envi­ron­ne­ment scientifique.

Enga­gée par Ber­nard Esam­bert, puis Pierre Faurre, la réforme X 2000 s’est pro­lon­gée avec les contrats plu­ri­an­nuels que l’É­tat passe avec l’É­cole depuis 2002.

L’École polytechnique aujourd’hui

En cinq ans, l’É­cole aura connu des évo­lu­tions consé­quentes sous l’im­pul­sion de Gabriel de Noma­zy, tous les objec­tifs fixés par le contrat plu­ri­an­nuel 2002–2006 ayant été atteints, voire dépas­sés. Le pro­jet a por­té l’ef­fort sur le cycle ingé­nieur, avec un double objec­tif. L’É­cole devait s’ou­vrir à l’in­ter­na­tio­nal. Il fal­lait prendre en compte le sché­ma euro­péen d’en­sei­gne­ment supé­rieur Licence Mas­ter Doc­to­rat (LMD), dit de Bologne.

Une offre de formation élargie au standard européen, qui facilite les échanges internationaux


Pro­gramme « Une grande école pour­quoi pas moi à l’X »
© Phi­lippe Lavialle – EP

Le cycle poly­tech­ni­cien a été entiè­re­ment rénové.

L’an­cienne période d’ap­pli­ca­tion ou de spé­cia­li­sa­tion, autre­fois effec­tuée à la sor­tie de l’É­cole, s’ef­fec­tue désor­mais en cotu­telle avec les éta­blis­se­ments par­te­naires, écoles d’ap­pli­ca­tion ou uni­ver­si­tés. Son conte­nu a été lar­ge­ment refon­du. Il s’a­git désor­mais de la 4e année de l’É­cole, ouvrant à deux diplômes simul­ta­nés, celui de l’é­ta­blis­se­ment par­te­naire et de l’É­cole, sanc­tion­nant la fin du cycle Mas­ters du sché­ma LMD. 137 accords ont été pas­sés à cet effet, en France comme à l’étranger.

L’ap­proche péda­go­gique a été lar­ge­ment repen­sée, avec une géné­ra­li­sa­tion du sui­vi per­son­na­li­sé et du tra­vail en équipe. Le tronc com­mun a été réduit à trois mois, les élèves ayant un large choix de cours, en gar­dant une obli­ga­tion de plu­ri­dis­ci­pli­na­ri­té. Un centre pour les stages et l’o­rien­ta­tion pro­fes­sion­nelle a été mis en place. Soixante tuteurs sont à la dis­po­si­tion des élèves pour un sou­tien personnalisé.

En paral­lèle, ont été mis en place vingt pro­grammes de mas­ters spé­cia­li­sés, ouverts à des étu­diants non poly­tech­ni­ciens, notam­ment inter­na­tio­naux. La 1re année du mas­ter s’ap­puie sur des cours de la spé­cia­li­té dis­pen­sés dans le pro­gramme poly­tech­ni­cien. La sco­la­ri­té de la 2e année est par­ta­gée entre l’É­cole et des éta­blis­se­ments par­te­naires. Cer­tains de ces mas­ters sont en anglais.

Une école nettement internationalisée

Chaque pro­mo­tion com­prend désor­mais cent étran­gers recru­tés sur concours dans les meilleures uni­ver­si­tés de tous les conti­nents. À cet effet, dix centres d’o­raux sont ouverts chaque année dans le monde. L’o­ral peut s’ef­fec­tuer en anglais. Les élèves non fran­co­phones béné­fi­cient d’un semestre d’ac­cueil, pour un appro­fon­dis­se­ment de la langue fran­çaise (1 200 heures). Chaque étu­diant étran­ger béné­fi­cie d’une bourse de sco­la­ri­té et de frais de vie.

La très grande majo­ri­té des élèves fran­çais (95 %) effec­tuent un séjour d’au moins deux mois à l’é­tran­ger, au cours de leur sco­la­ri­té. Près de la moi­tié (140 en 2006–2007) des non-corp­sards suivent leur 4e année dans une uni­ver­si­té inter­na­tio­nale partenaire.

Un centre de recherche en croissance au cœur de réseaux scientifiques et d’innovation technologique


35 à 40% des étu­diants en mas­ters et doc­to­rats sont étrangers.
Un élève, le géné­ral Xavier Michel, M. Wen Jia­bao, Pre­mier Ministre de la Répu­blique popu­laire de Chine, M. Gilles de Robien

Sept labo­ra­toires ont accueilli de nou­velles équipes, por­tant le centre de recherche de 1 300 à 1 500 per­sonnes. Le nombre de doc­to­rants est notam­ment pas­sé de 300 à 400.

Les efforts ont été mar­qués en bio­lo­gie, en optique et en infor­ma­tique. Dans ce der­nier domaine, l’É­cole s’est asso­ciée avec le CEA, le CNRS, l’IN­RIA, Paris Sud XI, et Supé­lec, au sein du par­te­na­riat Digi­teo Labs qui vise à for­mer un consor­tium de 1 200 et bien­tôt 1 800 per­son­nels de recherche. Un labo­ra­toire est en cours de construc­tion à l’École.

Le trans­fert du labo­ra­toire d’é­co­mie de la Mon­tagne Sainte-Gene­viève vers Palai­seau a été déci­dé pour 2007, tan­dis qu’é­tait créé l’Ins­ti­tut supé­rieur d’é­co­no­mie et de finance (INSEFI) avec HEC, et aujourd’­hui l’ENSAE.

Le centre de recherche de Thales, avec une nou­velle uni­té mixte de recherche avec l’É­cole, et des salles expé­ri­men­tales dédiées aux élèves, s’est ins­tal­lé sur le cam­pus en 2005. L’Ins­ti­tut d’op­tique l’a sui­vi à la ren­trée 2006.

L’É­cole dis­pose d’une cel­lule de valo­ri­sa­tion pour faci­li­ter la dépose de bre­vets et inci­ter à la créa­tion d’en­tre­prises, d’un fonds d’aide au démar­rage et d’une pépi­nière d’en­tre­prises accueillant sept start-ups.

Cinq chaires d’en­sei­gne­ment et de recherche ont été créées, asso­ciant l’É­cole avec des par­te­naires indus­triels pour des pro­jets de recherche et d’en­sei­gne­ment autour d’une thématique.

L’É­cole est par­te­naire de quatre pôles de com­pé­ti­ti­vi­té : System@tic, Médi­tech San­té, Aéro­nau­tique et Espace de l’Île-de-France et Indus­trie financière.

Le contrat pluriannuel 2007–2011

Dans le pro­lon­ge­ment du contrat plu­ri­an­nuel 2002–2006, il pour­suit la même ambi­tion de mettre l’É­cole en posi­tion pour jouer plei­ne­ment son rôle, dans le déve­lop­pe­ment de la com­pé­ti­ti­vi­té et du rayon­ne­ment fran­çais dans le monde. Il iden­ti­fie six objec­tifs interdépendants.

1 – Dou­bler le poten­tiel glo­bal de recherche et d’en­sei­gne­ment du cam­pus, et déve­lop­per les par­te­na­riats de proximité
L’É­cole veut élar­gir sa base scien­ti­fique et aca­dé­mique, en pro­fi­tant d’une part de la capa­ci­té d’ac­cueil de son cam­pus et d’autre part du poten­tiel excep­tion­nel de son envi­ron­ne­ment immé­diat. Elle béné­fi­cie aujourd’­hui d’une conjonc­tion de fac­teurs très favo­rables. Les débats récents sur l’en­sei­gne­ment supé­rieur et la recherche ont convain­cu tous les acteurs de la néces­si­té de col­la­bo­rer pour s’im­po­ser au niveau international.

Les pôles de com­pé­ti­ti­vi­té, la loi de pro­gramme pour la recherche, le suc­cès des pre­mières col­la­bo­ra­tions ali­mentent le dyna­misme col­lec­tif. Le pla­teau de Saclay et ses envi­rons immé­diats sont sur la voie pour deve­nir un des tout pre­miers centres euro­péens d’en­sei­gne­ment, de recherche et d’in­no­va­tion tech­no­lo­gique, avec l’ef­fet ampli­fi­ca­teur que de telles concen­tra­tions ont très vite. L’É­cole a le devoir d’y contri­buer. Avec les autres par­te­naires du cam­pus, elle y joue un rôle pri­vi­lé­gié car ses étu­diants seront essen­tiels au déve­lop­pe­ment de l’ensemble.

Le déve­lop­pe­ment du cam­pus se des­sine. Au-delà du centre de recherche de Thales et de l’Ins­ti­tut d’op­tique, il s’a­git de l’ar­ri­vée pro­gram­mée de l’ENS­TA et de labo­ra­toires de l’O­NE­RA, de la construc­tion d’un incu­ba­teur pépi­nière hôtel d’en­tre­prises, de l’ex­ten­sion des labo­ra­toires de l’É­cole, dans les domaines de l’op­tique et des nanos­ciences, des bio­tech­no­lo­gies, des tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion dans le cadre de Digi­teo, et de l’é­co­no­mie et des finances. L’ENSAE et l’ENST étu­dient une éven­tuelle implan­ta­tion. La réa­li­sa­tion de tous ces pro­jets indui­rait un dou­ble­ment de la capa­ci­té actuelle d’en­sei­gne­ment et de recherche du campus.

Il faut en paral­lèle encore mieux insé­rer ce cam­pus den­si­fié dans son envi­ron­ne­ment scien­ti­fique et tech­no­lo­gique immé­diat (uni­ver­si­té Paris Sud XI, avec laquelle un accord de par­te­na­riat stra­té­gique a été signé en 2002, CEA, INRIA, CNRS, INSERM, Supé­lec, HEC, Syn­chro­tron Soleil…) par des par­te­na­riats effi­caces. Le cam­pus est par­tie pre­nante de deux des treize réseaux de recherche à voca­tion mon­diale que le gou­ver­ne­ment vient d’ho­mo­lo­guer : Digi­teo pour les tech­no­lo­gies logi­cielles, et le Tri­angle de la phy­sique, qui réuni­ront cha­cun 1 800 per­sonnes dans leurs équipes. L’Ins­ti­tut Pierre Simon Laplace dans le domaine du cli­mat et de l’en­vi­ron­ne­ment et l’Ins­ti­tut d’é­co­no­mie et de finance (INSEFI) avec HEC étendent ces réseaux à d’autres champs scientifiques.

Il faut aus­si rendre plei­ne­ment opé­ra­tion­nelles les col­la­bo­ra­tions entre ces réseaux, les labo­ra­toires de l’É­cole et les 4 pôles de com­pé­ti­ti­vi­té mon­diaux System@tic, Médi­tech San­té, Aéro­nau­tique et Espace de l’Île-de-France et Indus­trie financière.

Enfin, il faut orien­ter col­lec­ti­ve­ment l’o­pé­ra­tion d’in­té­rêt natio­nal d’a­mé­na­ge­ment de la région Mas­sy-Saint-Quen­tin, récem­ment déci­dée, pour que les trans­ports, les pos­si­bi­li­tés d’ac­cueil, de loge­ment et le cadre de vie soient à la hau­teur de cette ambi­tion scien­ti­fique et technologique.

2 – Promouvoir la Graduate School (master et doctorat)

Indis­pen­sable pour s’in­sé­rer dans l’es­pace euro­péen d’en­sei­gne­ment supé­rieur, le déve­lop­pe­ment des deux cycles mas­ter et doc­to­rat, en com­plé­ment de son cycle ingé­nieur, est le moyen qua­si unique d’ac­cès aux meilleurs étu­diants européens.

L’É­cole veut ain­si ren­for­cer sa « Gra­duate School » et étendre son rayon­ne­ment, dans la logique d’ex­cel­lence qui carac­té­rise son cycle ingé­nieur, en s’ap­puyant sur le poten­tiel de son centre de recherche et de son corps ensei­gnant. Il lui faut en par­ti­cu­lier don­ner à ses mas­ters une vraie dimen­sion euro­péenne, en for­mant des diplô­més aux com­pé­tences clai­re­ment ciblées et iden­ti­fiées, tour­nés vers le monde éco­no­mique et indus­triel autant que vers la recherche fon­da­men­tale, en déve­lop­pant d’é­troites col­la­bo­ra­tions au sein de réseaux euro­péens sélec­tifs, en offrant aux étu­diants un sui­vi per­son­na­li­sé et un sys­tème de bourses attractif.

La 1re année des mas­ters s’ap­puyant for­te­ment sur la 3e année du cycle d’in­gé­nieur, les mas­ters sont aus­si l’un des moyens d’en­ri­chir l’offre de for­ma­tion aux élèves poly­tech­ni­ciens, dans le cadre de leurs 3e et 4e années, avec des par­cours conti­nus de spé­cia­li­sa­tion pro­fes­sion­nelle, pou­vant débou­cher sur des for­ma­tions par la recherche. Élé­ment essen­tiel de son apport à l’in­no­va­tion et de son rayon­ne­ment, le cycle doc­to­ral de l’É­cole anti­cipe le besoin des entre­prises de dis­po­ser d’ex­perts aux éche­lons déci­sion­nels pour faire face aux enjeux de l’in­no­va­tion tech­no­lo­gique, et le besoin amont de déve­lop­pe­ment de la connaissance.

3 – Jouer un rôle moteur dans la construction de ParisTech

Paris­Tech, confé­dé­ra­tion de onze grandes écoles d’in­gé­nieurs de la région pari­sienne, est, pour l’É­cole, un outil de rayon­ne­ment inter­na­tio­nal et d’in­ser­tion dans les meilleurs réseaux européens.

Lieu de com­plé­men­ta­ri­té avec les autres écoles pour les années de spé­cia­li­sa­tion du cycle ingé­nieur (3e et 4e années), les mas­ters, les écoles doc­to­rales, la recherche, et le déve­lop­pe­ment à l’in­ter­na­tio­nal, Paris­Tech per­met une visi­bi­li­té et une capa­ci­té de par­te­na­riat, euro­péennes et inter­na­tio­nales, tant vis-à-vis des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche que pour le monde de l’en­tre­prise. Paris­Tech est ain­si deve­nu membre en 2006 du réseau Idea League, regrou­pant les uni­ver­si­tés d’Im­pe­rial Col­lege, de Delft, d’Aix-la-Cha­pelle et l’É­cole poly­tech­nique fédé­rale de Zurich (ETH). L’ar­ri­vée de l’ENS­TA, les études pour une éven­tuelle implan­ta­tion de l’EN­SAE et de l’ENST démontrent des aspects com­plé­men­taires de la conver­gence entre les pro­jets de Paris­Tech et de l’École.

4 – Poursuivre une démarche globale d’internationalisation

Indis­so­ciable des objec­tifs pré­cé­dents, la démarche d’in­ter­na­tio­na­li­sa­tion, bien amor­cée, néces­site encore des efforts soutenus.

Les échanges d’é­tu­diants et d’en­sei­gnants-cher­cheurs inter­na­tio­naux en forment la par­tie la plus visible. Les dif­fé­rents pro­grammes de l’É­cole, ingé­nieur, mas­ter, doc­to­rat, doivent se com­plé­ter pour répondre à l’en­semble des besoins, notam­ment éco­no­miques, fran­çais. Bien éta­blis avec les pays du pour­tour médi­ter­ra­néen, l’Eu­rope cen­trale, la Chine, le Viêt­nam et l’A­mé­rique latine, les échanges doivent prendre forme avec l’Inde et pro­gres­ser en Europe ain­si qu’en Amé­rique du nord.

L’insertion dans les réseaux d’excellence académique internationaux, notamment européens, qui forment le socle de l’enseignement supérieur du XXIe siècle, constitue un important levier complémentaire d’échanges et de notoriété.

5 – Affirmer un partenariat privilégié avec l’entreprise

L’É­cole veut aus­si ren­for­cer encore ses inter­ac­tions avec les entre­prises et le monde éco­no­mique tant en matière d’en­sei­gne­ment que de recherche. Cette action passe par la créa­tion de pro­jets d’en­sei­gne­ment et recherche en col­la­bo­ra­tion étroite avec les entre­prises, notam­ment sous la forme de chaires, l’ou­ver­ture et la valo­ri­sa­tion du poten­tiel de son centre de recherche, un accueil accru d’en­sei­gnants et de cher­cheurs venant de l’en­tre­prise, une infor­ma­tion appro­fon­die des élèves, étu­diants, ensei­gnants et cher­cheurs aux enjeux de l’in­no­va­tion et de l’entreprise.

6 – Confor­ter la qua­li­té du cycle poly­tech­ni­cien et son ouver­ture sur les grands enjeux de la société
Le pro­gramme phare de l’É­cole reste plus que jamais son cur­sus d’in­gé­nieur poly­tech­ni­cien. Il a trou­vé un nou­vel équi­libre au cours du contrat plu­ri­an­nuel 2002–2006. Il s’a­git main­te­nant de le confor­ter avec des ajus­te­ments limi­tés, sans en bou­le­ver­ser l’é­co­no­mie générale.

La for­ma­tion humaine gar­de­ra une impor­tance sin­gu­lière dans une logique de pré­pa­ra­tion à des res­pon­sa­bi­li­tés de haut niveau, l’en­ca­dre­ment mili­taire en étant un acteur pri­vi­lé­gié. L’ou­ver­ture sur les grands enjeux de la socié­té, la pro­mo­tion de l’é­thique et du déve­lop­pe­ment durable, l’in­ci­ta­tion des élèves à s’en­ga­ger per­son­nel­le­ment au ser­vice des valeurs sur les­quelles se fonde la socié­té fran­çaise et inter­na­tio­nale res­te­ront des axes forts, avec une atten­tion par­ti­cu­lière pour les actions concrètes visant à faci­li­ter l’ac­cès des élèves de zones défa­vo­ri­sées aux for­ma­tions de haut niveau et la pro­mo­tion des car­rières fémi­nines scientifiques.

Changer de dimension financière

Décli­nées en objec­tifs pré­cis et quan­ti­fiés, ces évo­lu­tions sont consé­quentes. Elles néces­si­te­ront un inves­tis­se­ment fort de toutes les forces vives de l’É­cole. Le contrat plu­ri­an­nuel défi­nit les enga­ge­ments mutuels de l’É­tat et de l’É­cole en termes d’ob­jec­tifs et de moyens. Il recon­duit pour la période 2007–2011 le prin­cipe du contrat pré­cé­dent d’un effort par­ta­gé. L’É­tat s’en­gage à assu­rer, au tra­vers de ses sub­ven­tions, le finan­ce­ment des besoins « de base » de l’É­cole (rému­né­ra­tions, dépenses « iné­luc­tables » de fonc­tion­ne­ment, main­tien à hau­teur des infra­struc­tures…). L’É­cole doit s’as­su­rer les res­sources propres néces­saires au finan­ce­ment de son déve­lop­pe­ment, soit 60 M € sur cinq ans.

Il s’a­git d’un effort impor­tant. La part des res­sources propres dans le fonc­tion­ne­ment doit pas­ser de 13,5 % à 21 %. Elles devront finan­cer plus de 50 % des inves­tis­se­ments de l’É­cole. Toutes les voies devront être explorées.

Les finan­ce­ments tra­di­tion­nels de l’en­sei­gne­ment en France, tels que la taxe d’ap­pren­tis­sage, offrent une marge de crois­sance appré­ciable sous réserve d’une impul­sion des entre­prises. Celles-ci peuvent pré­fé­rer des actions en par­te­na­riat leur offrant un retour plus tan­gible. La qua­li­té et la diver­si­té des labo­ra­toires de l’É­cole offrent de larges pos­si­bi­li­tés de contrats de recherche, qui ne demandent qu’à être plus sol­li­ci­tées. Les chaires d’en­sei­gne­ment et de recherche per­mettent à une entre­prise de construire un par­te­na­riat de moyen terme avec l’É­cole autour d’une thé­ma­tique d’in­té­rêt com­mun. Faci­li­tant les contacts directs avec les élèves les plus moti­vés par le thème, elles orga­nisent des actions com­munes de recherche-déve­lop­pe­ment, de for­ma­tion et de conseil, et s’ac­com­pagnent géné­ra­le­ment d’un retour d’i­mage. Il en est de même pour l’ac­com­pa­gne­ment de l’ac­tion inter­na­tio­nale de l’École.

La Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, par son action auprès des entre­prises et des anciens élèves, joue un rôle essen­tiel. Elle accom­pagne avec une remar­quable effi­ca­ci­té le déve­lop­pe­ment de l’É­cole, lui four­nis­sant conseil et appui finan­cier. L’aug­men­ta­tion du besoin en res­sources propres amè­ne­ra l’É­cole et la Fon­da­tion à col­la­bo­rer encore plus étroi­te­ment. Leur suc­cès tien­dra cepen­dant pour beau­coup à la mobi­li­sa­tion des anciens élèves, comme le montre l’exemple de la plu­part des grands éta­blis­se­ments internationaux.

L’en­jeu va bien au-delà de la période 2007–2011. La capa­ci­té finan­cière des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche prend une impor­tance gran­dis­sante pour leur posi­tion­ne­ment inter­na­tio­nal. Les condi­tions de vie, d’exer­cice de la recherche et d’en­sei­gne­ment qu’ils offrent leur per­mettent de recru­ter des ensei­gnants-cher­cheurs de haut niveau et d’at­ti­rer les meilleurs étu­diants. Figu­rer par­mi les meilleurs éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche néces­si­te­ra un chan­ge­ment de dimen­sion finan­cière. Les concur­rents inter­na­tio­naux de l’É­cole le savent depuis long­temps, en accu­mu­lant les capi­taux et les res­sources externes.

Le contrat plu­ri­an­nuel 2007–2011 consti­tue ain­si une nou­velle étape dans la longue his­toire de l’É­cole. Trente ans après son arri­vée sur le pla­teau de Palai­seau, elle voit s’ou­vrir des occa­sions inéga­lées pour chan­ger de dimen­sion. Face à l’in­ten­si­té crois­sante de la com­pé­ti­tion inter­na­tio­nale, elle doit s’en sai­sir sans tar­der, avec ses par­te­naires, pour res­ter dans le cercle res­treint des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et de recherche qui comptent dans le monde. Sans en négli­ger les dif­fi­cul­tés, elle a la chance d’a­voir de nom­breux atouts. Le pre­mier d’entre eux est la qua­li­té de son cur­sus d’in­gé­nieur poly­tech­ni­cien, et du socle d’en­sei­gnants et de cher­cheurs sur lequel il s’ap­puie. C’est pour ses élèves, d’au­jourd’­hui et de demain, que l’É­cole engage ces trans­for­ma­tions. C’est leur réus­site à l’É­cole et dans la vie qui en est la pre­mière fina­li­té. L’É­cole peut et doit deve­nir l’un des hauts lieux où l’Eu­rope inves­tit pour son ave­nir, pour que se consti­tue une élite « poly­tech­ni­cienne » euro­péenne et internationale.

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